Ottawa a finalement débloqué un projet de constellation de satellites qui aura des retombées considérables à Sainte-Anne-de-Bellevue.

Ottawa a finalement débloqué un projet de constellation de satellites qui aura des retombées considérables à Sainte-Anne-de-Bellevue.

L'Agence spatiale canadienne a annoncé l'attribution d'un contrat initial de 40 millions de dollars à MacDonald Dettwiler and Associates (MDA), de Richmond, en Colombie-Britannique, pour amorcer la conception de la Constellation Radarsat, qui comprendra trois satellites de télédétection.

La division de MDÀ à Sainte-Anne-de-Bellevue, l'ancienne Spar Aérospatiale, héritera d'une bonne partie des travaux puisqu'elle est spécialisée dans les technologies liées aux satellites.

MDÀ a noté qu'il s'agissait d'une première phase d'une durée de 16 mois. Le projet total comprendra trois phases en tout, soit la conception préliminaire de la constellation, la conception détaillée et la fabrication proprement dite des trois satellites. Ceux-ci seront lancés successivement en 2014, 2015 et 2016.

Le vice-président de MDÀ responsable des missions spatiales, Steve Oldham, a indiqué que la valeur de l'ensemble du projet atteindra de 500 à 600 millions de dollars.

Près de la moitié du projet

La division de Sainte-Anne-de-Bellevue sera responsable de la charge utile de chacun des satellites, notamment le radar et les antennes de télécommunications.

«C'est, de loin, la plus grande partie du projet, a déclaré M. Oldham hier, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Cela représente 40% du projet.»

Il a noté que la division de Sainte-Anne-de-Bellevue exportait présentement 93% de sa production.

«Ils sont très occupés à vendre leurs produits à d'autres pays, a-t-il déclaré. Le fait d'obtenir ce travail pour le Canada, c'est un extra pour eux.»

À l'heure actuelle, la division de Sainte-Anne-de-Bellevue compte environ 350 employés. Le vice-président responsable des opérations montréalaises de MDA, Marc Donato, a indiqué que l'entreprise aura besoin de 60 à 80 personnes de plus d'ici un an pour faire face au projet de constellation et à d'autres projets internationaux. Environ la moitié de ces nouveaux emplois seraient liés à la constellation.

«Nous sommes en pleine campagne de recrutement, nous engageons présentement de 10 à 15 personnes par mois», a-t-il déclaré.

Il a rappelé que MDÀ attendait le déblocage de ce projet depuis deux ans et demi.

Dans son budget de février 2005, le ministre libéral des Finances Ralph Goodale avait annoncé des investissements pour la mise au point d'une prochaine génération de satellites.

En mars 2006, l'agence avait octroyé un premier contrat de 7 millions de dollars à MDÀ pour commencer à travailler sur le projet de constellation. Puis, plus rien.

Ce printemps, l'entreprise américaine ATK avait offert 1,3 milliard pour faire l'acquisition des activités de MDÀ liées aux satellites, mais le gouvernement canadien s'était opposé à cette transaction par crainte de voir Radarsat-2 passer sous contrôle américain.

La suite logique de Radarsat

Le projet de constellation constitue la suite logique du programme Radarsat, qui comprenait la conception et l'envoi de deux satellites individuels, Radarsat-1 et Radarsat-2. La constellation offrira une couverture plus complète du territoire canadien, parce qu'elle pourrait compter sur trois satellites inter-reliés. Cette constellation, qui permettra notamment d'assurer la souveraineté du Canada en surveillant le passage du Nord-Ouest, pourrait éventuellement compter six satellites.

«Le gouvernement fédéral est fier d'apporter son appui à cette technologie novatrice développée au Canada, a fait savoir le ministre de l'Industrie du Canada, Tony Clement, dans un communiqué émis hier. Elle rehaussera notre capacité de détecter les déversements d'hydrocarbures et de surveiller les inondations, les glissements de terrain et les éruptions volcaniques, le tout d'une manière plus rapide et complète que ce qui est actuellement possible.»

Dans les années 80, l'unité de produits pour satellites de SPAR Aérospatiale, à Sainte-Anne-de-Bellevue, avait obtenu un contrat de 440 millions pour la réalisation du satellite Radarsat-1. C'est toutefois MDÀ qui avait été choisie comme maître d'oeuvre pour le projet de Radarsat-2. Sainte-Anne-de-Bellevue, qui ne faisait pas encore partie de MDA, avait participé au projet en tant que sous-traitant.