Dénoncés par le Nouveau parti démocratique et faisant l'objet de questions de la part d'Ottawa, les frais imposés aux clients pour les retraits faits au guichet automatique sont ardemment défendus par les banquiers.

Dénoncés par le Nouveau parti démocratique et faisant l'objet de questions de la part d'Ottawa, les frais imposés aux clients pour les retraits faits au guichet automatique sont ardemment défendus par les banquiers.

Rappelons que jeudi, Jack Layton, chef du NPD, a fait une sortie en règle contre les banques canadiennes.

«C'est une arnaque que de facturer 1,50 $, 2 $ ou 2,50 $ aux Canadiens qui veulent retirer 40 $ ou 60 $, a lancé M. Layton. C'est un taux très, très élevé et injuste.»

De son côté, James Flaherty, ministre fédéral des Finances, a dit avoir demandé aux banques de justifier la situation. Il reconnaît que dans certains pays comme l'Angleterre, l'utilisation des guichets demeure gratuite.

Les banques contactées par LaPresseAffaires.com ont refusé de commenter directement l'affaire, donnant plutôt le micro à l'Association des banquiers canadiens (ABC).

Jacques Hébert, directeur de la division du Québec à l'ABC, est catégorique quant au besoin de facturer des frais au guichet.

«Nous avons le sentiment que M. Layton ne connaît pas à fond le système bancaire, dit-il. Il y des milliers de clients qui ne paient pas de frais. Ils sont imposés quand un client se rend à un guichet qui n'est pas celui de sa banque. Aussi, il y a des paniers de services offerts par les banques qui permettent de faire les transactions selon les habitudes financières.»

D'après M. Hébert, les institutions financières ont dépensé plus de 4 G$ l'an dernier pour les systèmes informatiques qui englobent les guichets.

«Les guichets automatiques ne tombent pas du ciel, il y a tout un réseau à bâtir, rappelle M. Hébert. Un guichet, ça coûte plus de 100 000 $. Il y a des frais pour accéder au réseau d'Hydro-Québec et pour vous abonner au téléphone. Il y a des frais partout, pas seulement chez les banques.»

Selon l'Association des banquiers canadiens, les guichets facilitent la vie des clients. «Aller au guichet automatique, c'est un choix du client, affirme M. Hébert. Autrefois, quand on oubliait d'aller à la banque avant 15h vendredi, on passait la fin de semaine à emprunter de l'argent à nos proches !»

La Loi sur les banques fait présentement l'objet d'une révision, un processus qui se déroule une fois tous les cinq ans. Les banquiers pourraient-ils avoir les mains liées par le gouvernement fédéral ?

«Les frais de service font l'objet de discussions, souligne Jacques Hébert. Le gouvernement est maître de sa loi. S'il décidait de réglementer les frais, il pourrait le faire. Mais il faudrait se poser des questions sur l'impact d'une telle mesure.»

L'Association des banquiers canadiens soutient que si les banques devaient abolir les frais facturés au guichet, d'autres services bancaires pourraient devenir plus coûteux.

La raison ? Les banques seraient tenues d'offrir des rendements intéressants, ce qui servirait particulièrement bien les fonds de pension.

«Par exemple, dit Jacques Hébert, 4% des avoirs de la Caisse de dépôt et placement du Québec sont constitués d'actions de banques. C'est une bonne nouvelle pour Henri-Paul Rousseau quand elles performent bien !»

M. Hébert rappelle que les institutions bancaires ont payé plus de 6 G$ d'impôt - dont 531 M$ au Québec - aux divers paliers de gouvernement en 2005. Et il croit que la salve lancée par Jack Layton est opportuniste.

«Le sujet ne serait peut-être pas venu à l'ordre du jour si l'on ne trouvait pas en pleine période pré-électorale», conclut le porte-parole de l'ABC.