À la lumière des multiples prévisions économiques qui le confirment de façon systématique depuis plusieurs mois, la croissance sera encore robuste au Canada l’an prochain alors que les dépenses des consommateurs et des entreprises seront le moteur de l’activité. Si les perspectives de croissance restent donc excellentes pour 2022, plusieurs obstacles pourraient toutefois se dresser en cours de route pour obscurcir ce bel horizon.

Dans sa plus récente Note de conjoncture provinciale, publiée jeudi, le Conference Board du Canada nous signale que c’est le Québec qui terminera l’année 2021 en tête du peloton des provinces canadiennes avec une croissance de son PIB réel de 6,4 %, contre un taux de 5,1 % pour le PIB canadien.

Selon l’institut de recherche, l’économie canadienne poursuivra sur sa lancée en 2022, mais modérera légèrement son allure en enregistrant une croissance de 4,4 % de son PIB réel, ce qui reste toutefois un taux de croissance fort respectable.

En 2023, l’économie fera face à un essoufflement du mouvement de reprise post-pandémique qui l’aura propulsée durant les deux années précédentes, alors que la croissance anticipée du PIB canadien sera de 1,6 %, selon le Conference Board.

En 2021, l’économie canadienne s’est progressivement affranchie des effets contraignants de la COVID-19, alors que ses contrecoups ont pesé plus lourdement sur l’activité économique ontarienne, qui a dû subir davantage de confinements prolongés.

La vaccination généralisée, le retour progressif de millions de travailleurs dans les tours de bureaux, l’élargissement des activités professionnelles et de loisirs à de plus grands groupes sont autant de facteurs qui dynamiseront l’activité économique en 2022 et, surtout, relanceront les dépenses à la consommation, prévoit le Conference Board.

Les consommateurs ont beaucoup épargné depuis le début de la pandémie et, en 2022, ils reviendront plus forts que jamais pour alimenter l’activité économique, mais ils le feront de façon différente.

Tout au long de 2020 et d’une bonne partie de 2021, ce sont les dépenses en biens et en amélioration du logement qui ont primé partout au pays. On prévoit maintenant un transfert vers d’autres types de consommation.

Après avoir augmenté de 9,7 % en 2021, les dépenses à la consommation devraient augmenter de 5,9 % en 2022, mais dans les faits, elles stagneront puisque ce sont les dépenses en services qui prendront le dessus.

Les dépenses dans les restaurants, les bars, les hôtels, les installations récréatives et les activités culturelles devraient enregistrer un bond de 33,9 %, alors que les dépenses pour l’habillement et les chaussures devraient bondir de 18,6 % en raison du retour progressif au bureau.

Classement et entraves possibles

Alors que l’urgence climatique n’a jamais autant fait l’objet d’attention au Canada et que l’on cherche par tous les moyens à réduire les émissions de CO2, c’est l’Alberta qui devrait enregistrer la plus forte croissance économique au pays en 2022, avec un taux anticipé de 6,1 %.

La raison est simple : la forte hausse des prix des produits de l’énergie devrait générer de l’activité et des revenus additionnels pour la province, qui a déjà retrouvé ses niveaux d’emplois d’avant la pandémie.

Au Québec, le rythme de croissance fléchira légèrement en 2022, mais il enregistrera tout de même une progression de 3,4 %, selon le Conference Board, qui constate toutefois que les pressions démographiques pèseront de plus en plus lourd sur les taux d’emploi.

Ces dernières prévisions qui restent optimistes pour les deux prochaines années ne tiennent pas compte des autres entraves qui pourraient surgir en cours de route.

On a beau estimer que la flambée inflationniste que l’on connaît actuellement – 4,7 % au Canada en octobre et 5,3 % au Québec – n’est que passagère et conjoncturelle, que se passerait-il si elle persistait et qu’elle forçait une reprise plus rapide des hausses des taux d’intérêt ?

On n’arrête pas d’évoquer les dysfonctions de la chaîne d’approvisionnement mondiale, leurs effets immédiats dans la vie quotidienne de nos entreprises et leurs répercussions sur les prix que doivent maintenant payer les consommateurs. Voilà une autre entrave majeure dont on n’a pas encore réussi à chiffrer les contrecoups sur l’activité économique à venir.

On prévoit encore une forte année d’exportations pour nos entreprises sur le marché américain, mais comme on l’a vu jeudi à Washington, les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis sont encore loin d’être limpides et encore moins totalement fluides.

On croyait que le vent de protectionnisme extrême de l’ère de Donald Trump allait rapidement se transformer en une petite brise automnale, mais le président Joe Biden ne donne aucun signe d’apaisement dans la volonté manifeste des États-Unis de protéger leur marché intérieur, peu importe le prix que cela coûtera.

On a rattrapé le retard économique que la pandémie de COVID-19 avait induit, et la croissance est bel et bien réelle et de retour. Les perspectives sont bonnes, mais il faudra rester vigilants et avoir bien à l’œil les entraves à la bonne circulation économique.