La section Affaires de La Presse accorde un espace à une lettre d’opinion d’un acteur du monde des affaires. Entrepreneurs et gestionnaires, la parole est à vous. Soulevez des questions, faites part de vos expériences, proposez des solutions, exprimez vos opinions.

« Quels conseils pouvez-vous me donner pour m’aider dans ma carrière ? » C’est une question qui m’a été posée il y a cinq ans et c’est une question très légitime puisque nous avons parfois l’impression d’être envahis d’idées d’experts et d’amis. Au point qu’il devient difficile de faire des choix pourtant nécessaires, car si tout est important, rien n’est important.

PHOTO MATHIEU BÉLANGER, ARCHIVES LA PRESSE

Yvon Charest, ex-président et chef de la direction d’Industrielle Alliance

J’ai choisi de faire référence à huit personnes, de l’homme d’affaires au philosophe en passant par un politicien, mais pas n’importe lequel, pour faire part de ce qui a été utile dans ma vie professionnelle.

Personne no 1 : Lucien Auger, psychologue de Montréal qui explique une méthode éprouvée pour gérer ses émotions et ainsi éviter tous les inconvénients liés à la colère, l’envie, la méfiance et autres émotions désagréables.

Personne no 2 : Abraham Lincoln, celui qui a mis en pratique, de façon exemplaire, le principe de s’entourer d’une équipe du tonnerre. Il a même réussi à recruter son principal adversaire à la course à la présidence. Il est passé maître dans la gestion perpétuelle des tensions internes inhérentes aux équipes de têtes fortes.

Personne no 3 : Jim Collins, qui affirme que faire preuve d’humilité ne comporte que des avantages et que rien n’est plus important que d’avoir les bonnes personnes dans l’autobus de l’équipe de direction.

Personne no 4 : A. G. Lafley, ex-PDG de Procter & Gamble, qui affirme que le succès d’une entreprise repose sur une prise de risques dans un horizon à long terme, le corollaire étant d’ignorer les pressions des investisseurs qui recherchent des rendements à court terme toujours plus élevés. Je pourrais d’ailleurs ajouter que la prise de risques est quelquefois bloquée par un excès de gouvernance, notamment par son conseil d’administration.

Personne no 5 : Dale Carnegie, qui croit que nous devons d’abord nous occuper des gens dont nous avons la responsabilité, mais sans perdre de vue les résultats de l’entreprise, l’idée étant que des employés motivés vont livrer les résultats. Son livre Comment se faire des amis contient tellement d’idées précieuses qu’il est l’objet de mon résumé de livres le plus long.

Personne no 6 : Gandhi, l’homme qui a donné l’indépendance à l’Inde et dont l’autobiographie fourmille d’exemples de transparence dans ses relations et communications et où il réussit à être franc sans être blessant... un comportement à l’opposé du politiquement correct.

Personne no 7 : Martin Seligman, psychologue américain, qui est passé maître dans l’enseignement de la façon de conserver l’équilibre fragile entre le fait d’être positif sur l’atteinte de nos projets tout en étant réaliste pendant le trajet parfois long et souvent semé d’embûches.

Personne no 8 : René Descartes, qui affirme que nos décisions doivent être spécifiques à la situation et que c’est une erreur de vouloir simplifier toute décision à quelques principes : il faut conjuguer agressivité et patience, principes et pragmatisme, confiance et humilité, bref que rien ne remplace le jugement.

Vous aurez probablement noté que j’accorde beaucoup d’importance à la connaissance de la nature humaine, dont la connaissance de soi, et qu’il ne faut pas se restreindre au monde des affaires dans la recherche de modèles de leadership inspirants.

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