Les négociateurs du syndicat des débardeurs de la Colombie-Britannique vont présenter mercredi l’entente de principe intervenue avec les employeurs à leurs membres. Les syndiqués se prononceront jeudi et vendredi à savoir s’ils ratifient la proposition ou non.

Si les 7400 débardeurs concernés acceptent l’entente, comme le recommande le comité de négociation de leur syndicat, le conflit de travail qui dure depuis maintenant plusieurs semaines en Colombie-Britannique pourrait finalement arriver à son dénouement.

Le syndicat, l’International Longshore and Warehouse Union Canada, indique sur son site Web que le vote sur l’entente de principe aura lieu jeudi et vendredi. Il réitère que l’exécutif syndical recommande aux membres de ratifier la proposition.

Mais avant, mercredi, une réunion aura lieu en matinée au siège social du syndicat, à Vancouver, où les membres du comité de négociation vont répondre aux questions des travailleurs sur la convention collective proposée.

La grève des débardeurs de la Colombie-Britannique a connu son lot de rebondissements. D’abord, la grève qui s’est déroulée du 1er au 13 juillet a fait en sorte que des millions de dollars en biens à destination et en provenance de 30 terminaux portuaires à travers la province sont restés coincés.

Deux ententes de principe ont ensuite été rejetées par le syndicat : la première par l’exécutif syndical, la deuxième par les membres.

Ainsi, des spécialistes en relations du travail appellent à la prudence avant la tenue du vote sur la plus récente entente de principe. Selon le professeur agrégé d’études du travail de l’Université du Manitoba, David Camfield, un nouveau rejet par les syndiqués reste une possibilité.

« Je pense que ce que nous avons vu [avec le rejet de la deuxième entente de principe] est un rappel que personne ne devrait tenir pour acquis de quel sera le résultat d’un vote de ratification », a souligné M. Camfield.

« Je pense que c’est la caractéristique la plus notable de ce conflit : les attentes des travailleurs sont plus élevées qu’elles ne l’auraient été il y a plusieurs années, et ils ne sont pas prêts à se contenter de ce qui leur est proposé. »

Rapport de force

Le syndicat et la BC Maritime Employers Association ont conclu le nouvel accord avec l’aide du Conseil canadien des relations industrielles, après que le ministre fédéral du Travail, Seamus O’Regan, a demandé au conseil de décider si un règlement négocié était toujours possible ou si un accord devait être imposé pour les deux parties.

M. Camfield a observé que l’état du marché du travail, avec de faibles taux de chômage, peut contribuer à ce que les travailleurs se sentent suffisamment en confiance pour rejeter les accords. La hausse du coût de la vie pourrait également faire grimper leurs attentes en matière de rémunération et d’autres avantages.

L’avocat en droit du travail du côté syndical, Don Eady, rappelle que comme dans le conflit des ports de la Colombie-Britannique, les membres du syndicat des épiceries Metro de l’Ontario ont rejeté les accords conclus à la table de négociation, ce qui montre que les travailleurs exercent leurs droits légaux pour obtenir ce qu’ils croient être juste.

Me Eady a noté que certaines personnes ont peut-être été surprises lorsque le syndicat a rejeté deux accords, mais que cela ne signifie pas pour autant que le processus de négociation est rompu.

« Les syndicats ont le droit de mettre en place les processus internes qu’ils souhaitent pour la négociation et l’approbation des conventions collectives », a-t-il rappelé.

L’avocat a nuancé que bien que des membres qui rejettent un accord négocié par leur syndicat ne soit pas quelque chose de typique, cela peut et devrait parfois arriver à protéger les travailleurs contre des menaces telles que l’automatisation et la hausse du coût de la vie.

« Si une entreprise est en mesure de contourner la convention collective en sous-traitant du travail, en faisant venir d’autres personnes ou en automatisant des opérations, cela affecte la sécurité d’emploi globale des membres du syndicat, autant aujourd’hui que dans les prochaines années », a-t-il soulevé.

L’inflation actuelle est une autre donnée qui fait en sorte que les travailleurs exigent plus des employeurs, selon Me Eady.

« Personne ne sait si l’inflation sera de 20 % ou de 2 % une fois rendu à la quatrième ou la cinquième année d’un accord, a-t-il mentionné. Donc, les accords à plus long terme sont problématiques s’ils contiennent une augmentation fixe en cents ou en dollars de l’heure. »

« Toutes ces choses mettent de la pression sur les membres des syndicats et les employés en général, et la seule façon pour eux de vraiment riposter est de déclencher une grève et de se battre pour leurs droits. »