Depuis une décennie, les géants de l’internet ont vendu le rêve du 100 % infonuagique aux secteurs privé et gouvernemental, à grand renfort de marketing et de lobbyisme. Mais le « cloud » commence à coûter très cher. Aux États-Unis, des entreprises en sortent et économisent des millions.

Dans le monde feutré des dirigeant(e)s principaux de la technologie, une série de publications sur LinkedIn a fait grand bruit ces dernières semaines, suscitant des milliers de commentaires. C’est qu’elles allaient complètement à contre-courant du consensus.

David Heinemeir Hansson, copropriétaire de 37Signals, la société derrière la populaire plateforme Basecamp, explique comment son entreprise va économiser 9,5 millions de dollars en cinq ans en sortant presque entièrement ses données du « nuage », en achetant ses propres serveurs informatiques et en les plaçant physiquement dans deux centres de données indépendants des GAFAM.

Il répond avec aplomb aux internautes sceptiques. Un centre de données n’est pas aussi fiable que l’infrastructure redondante d’un AWS ou d’un Google ? Faux, ses serveurs vont être placés dans deux centres de données, qui possèdent les mêmes certifications que ceux des GAFAM, dit-il.

Le nuage ne coûte-t-il pas moins cher car il nécessite moins de main-d’œuvre ? Faux, dit David Heinemeir Hansson, vétéran du secteur technologique. Il accuse Amazon, qui exploite de gigantesques centres infonuagiques, d’avoir fait de ses clients des vaches à lait, grâce à des marges de « 40 % ».

Il conclut : « Nous avons dépassé le pic du battage médiatique sur le nuage, et maintenant les entreprises du monde entier commencent à faire le calcul. Personne ne veut être le dindon de la farce [sucker] qui paie beaucoup plus que nécessaire pour remplir les coffres d’Amazon, Google ou Microsoft. »

Quelques jours plus tôt, c’était le président du géant Dell qui se targuait sur LinkedIn qu’un de ses clients du secteur de l’intelligence artificielle avait réalisé des économies de 2,7 millions de dollars par mois en sortant du « nuage » et en achetant ses propres serveurs pour les installer directement dans un centre de données indépendant des GAFAM. Une affirmation à contre-courant qui est rare dans le monde des dirigeants de sociétés inscrites à la Bourse. Surtout que Dell vend aussi des serveurs aux GAFAM.

Au Québec, à l’heure ou les entreprises cherchent à économiser en contexte de récession, cette tendance commence à se fait sentir chez les PME. Cela risque de prendre plus de temps dans le secteur gouvernemental et dans les des sociétés de plus grande taille. C’est que la lubie du tout infonuagique a été vendue avec tant de succès par les GAFAM, souvent grâce à des bataillons de lobbyistes et de spécialistes en marketing. Au point où les décideurs québécois ont presque oublié qu’ils pouvaient magasiner.

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