(Pékin) Le géant chinois de l’internet Alibaba a annoncé mardi la plus grande restructuration de son histoire, en découpant le groupe en six entités dont cinq pourront être cotées séparément, une nouvelle bien accueillie en Bourse.

Le groupe est un poids lourd du secteur de la technologie chinoise, avec des activités dans le cybercommerce, la logistique, l’informatique en nuage, les médias, les divertissements et l’intelligence artificielle.

« Le marché est le meilleur test, et chaque entité pourra procéder à des levées de fonds indépendantes et à une introduction en Bourse quand elle sera prête à le faire », a indiqué le patron du groupe, Daniel Zhang, dans une lettre à ses employés.

Taobao, plateforme de vente en ligne très populaire en Chine, continuera pour sa part d’être détenue à 100 % par le groupe Alibaba.

Cette restructuration permettra de « créer de la valeur pour les actionnaires et stimuler la compétitivité du marché », a assuré dans un communiqué Alibaba.

Il s’agit du « plus important remaniement en termes de gouvernance en 24 ans » d’existence du groupe, qui vise ainsi une organisation plus « agile », a assuré l’entreprise basée à Hangzhou (est).

Les six nouvelles entités auront chacune un PDG et un conseil d’administration.

Daniel Zhang restera le PDG de l’ensemble, mais aussi de l’unité dédiée à l’infonuagique.

Ralentissement

La cotation d’Alibaba à New York et à Hong Kong ne sera pas affectée par la restructuration, a précisé le groupe.

En préouverture à la Bourse de New York, les investisseurs applaudissaient l’annonce mardi, faisant bondir l’action de plus de 9 %.  

Comme les autres géants chinois de l’internet, Alibaba est pénalisé ces dernières années par la reprise en main du secteur de la technologie par le gouvernement chinois.

Les autorités avaient notamment fait capoter en 2020 une gigantesque introduction en Bourse à Hong Kong de sa filiale de paiement Ant Group, tandis qu’Alibaba s’était vu infliger par la suite une amende de 2,3 milliards d’euros pour abus de position dominante.

Pékin semble depuis lâcher du lest et début janvier les autorités chinoises ont finalement donné leur feu vert à Ant pour une levée de fonds de plus d’un milliard d’euros à Hong Kong.

En 2022, le chiffre d’affaires total des sociétés internet chinoises a diminué d’un peu plus de 1 %, à 1460 milliards de yuans (294 milliards CAD), la première contraction en près d’une décennie, selon les données du ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’information.

Le 23 février Alibaba avait annoncé une hausse de seulement 2 % sur un an de son chiffre d’affaires trimestriel, à 34 milliards d’euros (un euro = 1,48 $ CA), un net ralentissement par rapport à la croissance qu’il affichait auparavant.

Le groupe avait cité notamment « une demande plus faible et des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement et la logistique liées à l’impact » de la fin de la politique de mesures strictes contre la COVID-19 en Chine.

Sur le trimestre précédent, Alibaba avait annoncé 2,7 milliards d’euros de pertes.

L’annonce de sa restructuration survient alors que le fondateur d’Alibaba, le milliardaire Jack Ma, a fait lundi une rare apparition publique en Chine, après plusieurs mois à l’étranger.

Jack Ma, qui a quitté la direction de son groupe en 2019 pour se consacrer entièrement à des activités philanthropiques, fait depuis deux ans et demi profil bas après des critiques publiques à l’encontre du régulateur chinois.

Depuis son retrait médiatique en 2020, chaque information concernant le milliardaire et ses déplacements est très commentée en Chine sur les réseaux sociaux.