Un nouveau type d’entraînement pourrait faire partie de la liste de vos résolutions du Nouvel An. Votre employé vient de faire un bon coup et les seuls mots qui vous viennent en tête pour le féliciter sont… « Bon travail » ? Un programme a été développé par la jeune pousse nimble bubble pour aider les gestionnaires en manque d’inspiration pour les rétroactions.

À l’ère où les patrons dictateurs n’ont plus la cote, comment aborder l’employé qui n’a pas atteint son objectif hebdomadaire ? Quels mots sont acceptables en 2023 ? Et quelles phrases motiveront les équipes ?

« Ce n’est pas facile de donner du feedback. Certains gestionnaires retardent le moment de le faire ou le font de façon maladroite, observe la fondatrice de nimble bubble, Sophie Gadoury. Ça peut être tellement stressant que des gestionnaires vont décider de ne pas en donner du tout, même lorsqu’il s’agit de feedback positif. »

« On est stressé avant de le donner, pendant qu’on le donne et on ne sait pas trop quel impact on a eu, poursuit-elle. L’entretien se termine, et on s’imagine que l’employé court déjà se plaindre à un collègue. »

Sophie Gadoury vient d’un milieu où le feedback va de soi. Pendant ces années où elle a été joueuse et entraîneuse de volleyball, puis étudiante à la maîtrise en psychologie du sport, donner de la rétroaction était loin d’être un enjeu.

La très grande majorité du rôle d’un coach, c’est de donner du feedback, alors que dans les milieux de travail, c’est tout un défi, que ce soit en personne ou par écrit.

Sophie Gadoury, fondatrice de nimble bubble

S’entraîner comme des olympiens

Gestionnaire de projet au sein du Comité olympique canadien, Sophie Gadoury a accompagné les équipes olympiques à Sotchi et à Rio. Elle s’est inspirée de l’entraînement des sportifs de haut niveau pour créer son centre d’entraînement du feedback.

« Ce qui m’intéressait dans le sport, c’étaient les comportements entre humains qui permettent autant d’optimiser le bien-être que la performance. Je voulais savoir si c’était possible de reproduire la même chose dans le monde du travail. »

Après quelques expériences en ressources humaines dans différentes organisations et une collaboration avec l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, Sophie Gadoury s’est sentie prête à lancer son application web.

IMAGE FOURNIE PAR NIMBLE BUBBLE

L’application de nimble bubble propose aux gestionnaires des mises en situation pour s’entraîner à offrir une bonne rétroaction.

Les gestionnaires, dirigeants, leaders qui s’inscrivent au programme reçoivent une séance d’entraînement de deux minutes par jour pendant un mois. Il s’agit d’une mise en situation, et le gestionnaire doit choisir la bonne proposition de rétroaction. Le participant peut réessayer jusqu’à ce qu’il trouve la bonne réponse.

Comment annoncer une décision qui ne fait pas l’unanimité ? Encourager un employé qui manque de confiance en soi ? Gérer les émotions d’une équipe mécontente de la haute direction ?

Ce n’est pas tant de savoir si la réponse est bonne ou mauvaise. Ce qui aide le gestionnaire, c’est de savoir, si je n’ai pas donné le bon feedback, quel genre d’impact je vais avoir sur l’employé. Il y a une grande prise de conscience avec les explications qui suivent le choix de feedback. Elles guident le gestionnaire dans la bonne direction.

Sophie Gadoury, fondatrice de nimble bubble

En s’entraînant quelques minutes chaque jour, le gestionnaire apprend des notions précises et développe des habiletés qu’il peut appliquer tout de suite dans la journée, explique l’entrepreneure. « Un entraînement régulier est plus efficace qu’une formation ponctuelle de deux heures, soutient-elle. Ça permet d’aiguiser ses réflexes et de développer les bons comportements de rétroaction pour qu’ils deviennent naturels. »

Pour affiner son programme, Sophie Gadoury s’est entourée de trois spécialistes de la science de la motivation et professeurs à l’université, Geneviève A. Mageau, Jacques Forest et Joëlle Carpentier.

Nimble bubble rêve de devenir le Duolingo du feedback et d’offrir éventuellement l’entraînement à tous les employés, et pas seulement aux patrons. Dans un monde du travail moins hiérarchique, les interactions se font principalement entre collègues, souligne-t-elle.

Avec la démission silencieuse, c’est le bon moment d’agir avec bienveillance sur les équipes, croit Sophie Gadoury. L’entrepreneure est convaincue que le monde du travail peut devenir un milieu rempli de sens, de développement et d’empathie.

Entraînez-vous

Voici un exemple d’exercice d’entraînement fourni par nimble bubble :

Benoît écrit beaucoup trop de détails dans ses courriels. Ça les rend trop longs et le reste de l’équipe passe à côté de l’information clé cachée parmi les détails moins pertinents. C’est selon toi un point important à améliorer pour le prochain trimestre.

Ta rencontre hebdomadaire commence avec lui ; quel feedback lui donnes-tu ?

A. « Pour écrire des courriels engageants, peut-être que ça peut aider de mettre un maximum de trois points en format “liste”. Sinon se mettre au défi que le courriel ne dépasse pas 100 mots peut être l’fun pour nous guider dans sa longueur. »

B. « Tes courriels ne fonctionnent pas présentement Benoît ; tu dois changer de technique. J’ai confiance que tu es en mesure de les améliorer ; penses-tu que tu pourrais les écrire différemment svp ? »

C. « Tous les détails sont inclus quand tu envoies un courriel, et même souvent trop. Comme on en a parlé dans le passé, leur longueur cause une certaine frustration chez James, parce qu’il est tellement occupé qu’il n’arrive pas à les lire au complet. »

A) Excellent, tu as fait le bon choix de feedback, parce que Benoît a différentes pistes claires l’informant de ce qu’il peut choisir de mettre en application pour s’améliorer et avancer vers son objectif de courriels concis et engageants.

B) Si Benoît écrit ses courriels d’une certaine façon, ça veut peut-être dire qu’il ne sait pas comment les écrire autrement. Au lieu de mentionner ce qui n’a pas été bien fait ou de lui demander de les améliorer sans l’aider, je t’invite à essayer à nouveau pour tourner ton attention sur l’objectif à atteindre et les pistes de solution pour y arriver.

C) Benoît se sent coupable d’avoir pris trop de temps de James dans le passé en plus d’être inquiet de ne pas pouvoir réparer le tout malgré ses efforts présents. Souhaites-tu essayer à nouveau pour découvrir comment soutenir Benoît à atteindre son objectif avec ton feedback ?

Consultez le site de nimble bubble