L'industrie aérospatiale canadienne prendra enfin son essor en 2012, mais il lui faudra encore des années avant de rattraper tout le chemin perdu depuis la récession de 2008-2009.

C'est du moins ce qu'indique un rapport sur l'industrie aérospatiale publié lundi par le Conference Board du Canada.

L'industrie aérospatiale canadienne devrait enregistrer des revenus de 15 milliards de dollars en 2012, soit une augmentation de 2,7% par rapport à 2011. Mais ce sera encore bien loin des revenus de 18,5 milliards enregistrés en 2008. En fait, ce n'est qu'en 2016 que l'industrie pourra enfin atteindre ce niveau.

L'industrie devrait déclarer des bénéfices avant impôts de 308 millions en 2012, soit une solide augmentation de 16,4% par rapport à 2011.

Le Conference Board note que l'année 2011 a encore été difficile pour l'industrie aérospatiale. La crise de la dette en Europe et la faiblesse prolongée de l'économie américaine ont eu un effet négatif sur l'économie globale.

«Mais la croissance devrait reprendre en 2012, alors que la demande croissante pour des biréacteurs commerciaux et des avions d'affaires en Amérique du Nord, combinée à des commandes importantes provenant de marchés émergents, devrait stimuler l'industrie, écrit l'auteur du rapport, Lin Ai. Toutefois, la demande demeurera moribonde en Europe.»

Le Conference Board souligne que ce sont les marchés à l'extérieur de l'Amérique du Nord et de l'Europe qui devraient mener la reprise économique.

«Les pays en voie de développement constituent les marchés clés de l'avenir en fait de transport aérien commercial.»

Le Conference Board note toutefois que si les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) représentent de belles occasions pour l'industrie canadienne, ils pourraient également devenir de féroces concurrents. C'est déjà le cas du Brésil, qui a vu naître Embraer, un avionneur qui s'affirme de plus en plus dans l'aviation commerciale et d'affaires. La Russie développe le Superjet de Sukhoi, qui entrera en concurrence avec les biréacteurs régionaux de Bombardier, alors que la Chine a également des projets en aviation régionale, avec l'ARJ21.

Le Conference Board estime que l'évolution du prix du carburant devrait venir en aide à l'industrie aérospatiale. L'organisme note que le prix du carburant a légèrement baissé ces derniers temps, ce qui a permis aux transporteurs de respirer un peu plus aisément. Après avoir adopté plusieurs mesures pour réduire leurs coûts, les transporteurs sont en meilleure position financière, ce qui devrait leur permettre de commencer à renouveler leur flotte.

Le Conference Board ajoute qu'à long terme, le prix du carburant devrait continuer à croître, ce qui devrait également être positif parce que cela encouragera les transporteurs à choisir des appareils moins énergivores.

Les perspectives sont un peu moins encourageantes du côté de l'aviation d'affaires.

«Même si la rentabilité des entreprises a atteint des records, les commandes pour des avions d'affaires n'ont pas suivi au même rythme, écrit Lin Ai. La volatilité sur les marchés financiers et la fragilité des économies américaine et européenne ont ralenti les acheteurs potentiels.»

Ce phénomène a toutefois touché davantage les plus petits avions d'affaires. Les clients des biréacteurs d'affaires de plus grande taille, soit les grandes multinationales et les personnes très fortunées, ont été moins touchés par les conditions difficiles du marché.