La formation d'un gouvernement d'union nationale en Grèce va permettre au pays de tenir ses promesses en matière d'économies, a assuré lundi le ministre des Finances du gouvernement sortant, Evangélos Vénizélos.

«Après une semaine difficile, nous sommes maintenant dans une situation politique nouvelle en Grèce, nous avons un nouveau cadre politique. Nous avons un gouvernement d'union nationale et de responsabilité nationale», a déclaré M. Vénizélos (un portrait de l'homme plus bas) à son arrivée à une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles.

Ce gouvernement d'union «est la preuve de notre engagement et de notre capacité nationale à mettre en oeuvre le programme» d'austérité prévu «et à reconstruire notre pays», a ajouté le ministre.

Après un week-end d'intenses tractations, les deux principaux partis politiques du pays sont parvenus dimanche soir à un accord pour former un gouvernement de coalition, dont l'actuel Premier ministre socialiste Georges Papandréou serait exclu. La composition du gouvernement et le nom du successeur de M. Papandréou devraient être connus dans la journée.

De son côté, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, s'est dit «confiant dans le fait que la situation évolue désormais dans le bon sens» en Grèce. Il a dit avoir eu lundi une conversation téléphonique avec M. Papandréou, à qui il a fait part de sa «reconnaissance pour tout ce qu'il avait fait».

«Mais je ne pense pas que nous aurons des décisions définitives» à l'issue de la réunion de lundi sur le versement d'une tranche de prêt de 8 milliards d'euros à la Grèce, a-t-il poursuivi.

«Cela dépendra des réponses qui seront données par le gouvernement grec pour savoir si oui ou non nous la versons», a-t-il expliqué. «Nous avons un peu de temps pour étudier la question», a ajouté M. Juncker, rappelant que la Grèce n'en avait pas un besoin urgent.

Sans aide, le pays risque d'être en défaut de paiement à la mi-décembre.

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Evangélos Vénizélos, acteur clé de la crise

Athènes - Evangélos Vénizélos, 54 ans, profil de taureau et ministre des Finances du gouvernement grec, devrait conserver un rôle dans la nouvelle équipe après avoir été un acteur clé de la crise politique, contribuant à organiser la sortie de Georges Papandréou, son ancien rival politique.

En à peine cinq mois au ministère des Finances, M. Vénizélos, ténor du parti socialiste (Pasok), a fait voter, au milieu de manifestations violentes fin juin, une loi imposant aux Grecs de se serrer la ceinture jusqu'en 2015.

Succédant alors au technocrate Georges Papaconstantinou qui était très apprécié à Bruxelles mais manquait d'entregent politique en Grèce, M. Vénizélos a mis tout son poids dans la balance pour faire passer cette loi auprès d'une opinion de plus en plus rétive à l'austérité.

Mais à l'automne, M. Vénizélos a dû subir les foudres des créanciers, qui ont renâclé à débloquer une aide vitale pour le pays de 8 milliards d'euros devant l'atonie des réformes et notamment les faibles rentrées fiscales.

Depuis, le verbe et la faconde de ce brillant juriste constitutionnaliste, qui avait remisé son ancienne rivalité avec Georges Papandréou pour essayer de sauver la Grèce, n'ont pas suffi à convaincre les bailleurs de fonds de l'efficacité du pays à lutter contre sa dette et ses déficits.

Dès sa nomination, un politologue fin connaisseur de la situation grecque disait à l'AFP «douter de ses possibilités pour faire avancer les vraies réformes» dont la Grèce a besoin.

À sa décharge, il s'est heurté, comme Georges Papandréou, à l'intransigeance du parti de droite, qui refusait jusqu'à dimanche soir d'apporter sa caution à une politique d'austérité.

L'homme a des atouts. Apprécié des milieux d'affaires grecs, connaisseur des arcanes byzantins des cercles du pouvoir, proche des milieux orthodoxes et habitués des postes ministériels, ce francophone et francophile, qui a fait des études de droit à Assas à Paris, a joué à fond de son arme principale, le verbe, en expliquant inlassablement pourquoi il fallait consentir de nouveaux efforts afin de garantir l'indépendance du pays.

Originaire de Salonique, la grande ville du nord de la Grèce, M. Vénizélos a été réélu sans interruption député depuis 1993, après avoir entamé son ascension politique en mettant à la fin des années 80 son talent de juriste au service du père et prédécesseur de Georges Papandréou, alors embourbé dans une série de scandales.

Malgré l'homonymie, M. Vénizélos, n'a aucun lien familial avec celui qui est considéré comme le père de la Grèce moderne, Eléfthéros Vénizélos.

Il a inauguré en 1993 au poste de porte-parole du gouvernement un parcours qui le mènera dans les successifs gouvernements socialistes grecs aux Transports, à la Justice, au Développement et à la Culture, d'où il supervisera la préparation olympique du pays pour les Jeux de 2004.

Après l'échec du Pasok à reconquérir le pouvoir sur la droite en 2007, il se porte candidat à la présidence du parti, face à Georges Papandréou, mais doit s'effacer devant l'actuel Premier ministre.

La semaine dernière, après avoir dans un premier temps soutenu sans broncher le référendum - alors qu'il dit ne pas avoir été prévenu par le premier ministre- il s'est soudain démarqué de son patron convoqué pour une humiliante séance par le duo Sarkozy-Merkel à Cannes, tout en le convainquant qu'il fallait partir pour obtenir un gouvernement d'unité.

Son communiqué à l'aube pour dire qu'il était contre le référendum, suivi d'un autre dans la nuit de dimanche à lundi, fixant la date des élections demandées par l'opposition, montre qu'il sait utiliser les médias pour faire avancer ses ambitions personnelles.