Les propos de l'avocat des plaignants dans le procès qui se tient à New York contre Vivendi ont créé «un préjudice» en évoquant des dommages et intérêts pouvant s'élever à plusieurs milliards de dollars, a affirmé à l'AFP lundi Hervé Pisani, avocat de Vivendi.

Arthur Abbey, principal avocat des plaignants, a déclaré lundi au Financial Times que Vivendi pourrait avoir à payer jusqu'à 8 milliards d'euros de dommages et intérêts (11,5 milliards de dollars) si le groupe est jugé coupable dans le procès qui se tient à New York contre lui, ainsi que contre son ex-PDG Jean-Marie Messier et son ex-directeur financier Guillaume Hannezo.

M. Abbey «essaie de créer une pression sur Vivendi, c'est efficace car l'action (de Vivendi) a perdu 3%» lundi à Paris, «pour forcer Vivendi à rentrer dans une démarche transactionnelle dont il est sûr de pouvoir tirer beaucoup d'argent», argumente M. Pisani.

«Ce faisant il crée un préjudice vis-à-vis des actionnaires de Vivendi, c'est pourquoi on se réserve d'engager une action à son égard», a-t-il ajouté.

Le verdict dans l'action collective intentée aux États-Unis est attendu en milieu de semaine.

Des actionnaires accusent Vivendi Universal de les avoir ruinés avec une communication financière trompeuse entre 2000 et 2002.

Dire que (les dommages et intérêts) peuvent aller jusqu'à 8 milliards de dollars (...) c'est faux, c'est un mensonge», soutient M. Pisani, qui accuse M. Abbey de s'appuyer sur une expertise qui n'«a jamais mentionné un chiffre global».

«Aujourd'hui personne ne peut faire une prévision de ce que seraient les dommages et intérêts dans l'hypothèse où Vivendi perdrait», a-t-il fait valoir.

Selon l'avocat de Vivendi, le groupe fait l'objet de 57 chefs d'accusation mais il n'est pas certain que tous seront retenus.

En outre, les jurés du procès de New York ne doivent pas formuler une condamnation globale mais évaluer l'inflation du cours de Vivendi à la Bourse éventuellement provoquée par la «communication trompeuse» soutenue par l'accusation au cours de la période concernée, a-t-il ajouté.

Cette évaluation va servir de base à celle d'un montant de dommages et intérêt pour chaque journée de cotation pendant la période sous revue.

C'est seulement après le rendu du jugement à New York que les actionnaires de Vivendi à l'époque pourront éventuellement demander à percevoir des dommages et intérêts, a-t-il expliqué.

M. Pisani a par ailleurs rappelé que Vivendi, dès le verdict du procès, comptait demander un recours pour dénoncer des failles dans la procédure, notamment le fait que l'accusation ait pris la parole en dernier à la barre, ce qui lui donne «un avantage incontestable», juge M. Pisani.

Ce recours, s'il est accepté, pourrait donner lieu à un nouveau procès. S'il est refusé, Vivendi fera appel «dans tous les cas dès que possible» du jugement définitif, puisque le groupe considère que les «faits qui lui sont reprochés ne sont pas fondés», ce qui suspendra la condamnation jusqu'au procès d'appel, a conclu M. Pisani.