Certains domaines de la comptabilité vivent des moments difficiles avec la crise, mais d'autres sont en pleine effervescence. C'est le cas des services-conseils en restructuration, gestion des risques et solvabilité.

«Ce service est vraiment en pénurie de professionnels, affirme Marc Berwald, vice-président, ressources humaines, RSM Richter. Il y a beaucoup de demandes dans ce secteur parce que plusieurs entreprises sont en difficulté et d'autres ont besoin de financement, mais ont de la difficulté à avoir un prêt.»

Au Québec, la crise n'a tout de même rien à voir avec ce qui se passe aux États-Unis, mais les dirigeants d'entreprise ne peuvent rester assis sur leurs lauriers.

«Espérer que tout ira bien, ce n'est pas une stratégie, rappelle Luc Guertin, directeur principal, conseils financiers - fusions et acquisitions, Samson Bélair/Deloitte&Touche. Beaucoup ne sentent pas la crise, mais elle est bien là et il faut se poser des questions, développer des stratégies et prévoir le pire.»

»Cash is king»

Tous les experts interviewés s'entendent pour dire qu'en temps de crise, le nerf de la guerre, ce sont les liquidités.

«Les liquidités permettent de continuer à opérer. Sans liquidité il n'y a plus rien qui se passe», affirme Stéphane Tremblay, associé, gestion des risques d'affaires, KPMG.

L'une des conséquences de la crise est le resserrement du crédit.

«Les banques sont beaucoup plus sévères et elles se retirent de certains dossiers. Une entreprise dont la convention de crédit vient à échéance prochainement doit envisager ce risque et chercher d'autres options, parce qu'actuellement, ça peut facilement prendre jusqu'à 12 mois avant de trouver d'autres bailleurs de fonds», prévient Martin Rosenthal, associé, restructuration et rationalisation, Ernst&Young.

Il est donc capital que chaque entreprise fasse des pieds et des mains pour récupérer le plus de liquidités possible. Des exemples?

Réduire les stocks, diminuer les coûts de production, augmenter la productivité et enfin, collecter ses clients plus tôt et payer ses fournisseurs plus tard.

«D'ailleurs, c'est la stratégie de tout le monde actuellement, ce qui accentue la crise. Évidemment, les gros poissons s'en sortent bien, mais les petits subissent», affirme M. Tremblay.

C'est aussi le moment opportun pour évaluer la santé financière de ses partenaires, clients et fournisseurs. «Si on perd un fournisseur clé, ça peut prendre plusieurs mois de recherche avant d'en trouver un nouveau qui répondra aux exigences», remarque M. Rosenthal.

«C'est peut-être le bon temps de demander des études sur certains partenaires à qui on fait crédit, question de s'assurer que leur situation financière ne s'est pas trop détériorée», soutient M. Guertin.

Le temps de se repositionner

Une récession est toujours un moment difficile à passer, mais en affaires, c'est aussi le temps de se remettre en question. Certaines compagnies laissent tomber des activités moins rentables, d'autres profitent de l'occasion pour conquérir de nouveaux marchés.

«Il faut développer une stratégie et attendre le bon moment avant d'agir pour savoir tirer son épingle du jeu», indique Pierre Monette, vice-président, région de Montréal, Raymond Chabot Grant Thornton.

Aux yeux de Stéphane Tremblay, c'est le temps idéal pour renégocier avec l'ensemble de ses partenaires. «Avec la crise, tout le monde revoit ses positions. Il y a un sentiment de vulnérabilité et d'urgence qui fait que certaines ouvertures se créent. Dans bien des cas, les occasions d'acquisitions sont intéressantes, parce que les prix des entreprises ont beaucoup descendus. C'est donc le temps d'être proactifs, d'accepter le changement et de se réajuster en conséquence.»

«À chaque crise, il y a des fortunes qui se font, mais il faut saisir les opportunités et pour y arriver, cash is king», rappelle M. Guertin.