Un phénomène volcanique du même type que celui qui figea Pompéi en 79 apr. J.-C. pourrait être à l'origine de la richesse en fossiles du Crétacé du site chinois de Jehol, selon une équipe sino-américaine.

Les formations géologiques de Yixian et Jiufotang, dans la province du Liaoning (nord-est de la Chine), connues sous l'appellation de «biota de Jehol», se caractérisent par leur abondance en fossiles «exceptionnellement bien conservés», rappellent les auteurs de l'étude publiée mardi dans la revue Nature Communications.

Il y a environ 130 à 120 millions d'années, une population mêlée de dinosaures, de mammifères, d'oiseaux primitifs et de lézards habitait ce paysage de lacs et de forêts de conifères, entouré de volcans.

Cet ancien écosystème a été identifié en tant que formation géologique par les Japonais, lorsqu'ils occupaient cette partie de la Chine dans les années 30/40.

C'est aujourd'hui une mine de fossiles où se juxtaposent les restes d'invertébrés, vertébrés et plantes, dans un très bon état de conservation.

Mais pour les scientifiques, ce cimetière hétéroclite est un mystère: quelle est la cause de ces mortalités massives? Quelle est l'histoire de la préservation exceptionnelle de ces fossiles si diversifiés?

Pour tenter de répondre à ces interrogations, l'équipe conduite par Jiang Baoyu, de l'Université de Nankin, a analysé 14 échantillons d'oiseaux et de dinosaures fossiles, ainsi que les sédiments dans lesquels ils reposaient.

Les chercheurs ont constaté que chacun des squelettes avait été directement intégré dans des coulées pyroclastiques, aussi appelées nuées ardentes, ces jets cuisants de gaz volcaniques et de fragments de roches qui accompagnent certaines éruptions volcaniques explosives.

Le Vésuve en Italie, le Mont Pinatubo aux Philippines ou la Montagne Pelée en Martinique sont des exemples tristement connus de ce type d'éruptions particulièrement violentes.

Selon les chercheurs, on retrouve sur les animaux naturalisés du site chinois des poses dans la mort et des signes de carbonisation qui rappellent les victimes de Pompéi.

Leurs résultats suggèrent que les coulées pyroclastiques sont responsables tout à la fois de la mortalité de masse, de l'ensevelissement, du déplacement (des fossiles d'organismes aquatiques et terrestres se côtoient) et de l'ultime conservation du biota de Jehol.

Des centaines de millions d'années plus tard, en l'an 79, l'éruption du Vésuve ensevelissait en quelques heures la ville de Pompéi sous une avalanche de feu et une pluie de cendres. Les fouilles archéologiques ont mis au jour une ville florissante, figée pour l'éternité avec ceux de ses habitants qui n'avaient pas fui à temps. L'état de conservation remarquable du site en fait un témoignage précieux sur la civilisation de la Rome antique.