Où, et surtout quand ? Laval a décidé de mener un sondage auprès de ses citoyens avant de donner le feu vert à l'implantation d'une succursale de la Société québécoise du cannabis (SQDC) sur son territoire. Déjà en train de planifier l'ouverture des points de vente, les villes pressent par ailleurs Québec de leur confirmer rapidement qu'elles recevront leur part des redevances.

Plusieurs maires ont confirmé hier avoir été approchés par la Société des alcools du Québec pour l'ouverture prochaine des succursales de la SQDC. La mairesse Valérie Plante a ainsi corroboré les informations dévoilées par La Presse sur les discussions en cours sur l'ouverture de quatre succursales sur l'île.

La mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, a aussi indiqué que sa ville faisait partie des endroits ciblés pour l'ouverture d'au moins un point de vente. Elle a indiqué avoir rencontré récemment le président de la SAQ, Alain Brunet, à ce sujet. « Il nous a rencontrés et nous a proposé des emplacements. On est à en faire l'étude », a-t-elle dit, précisant que sa Ville n'avait pas encore formulé de réponse.

Même réponse du côté du maire de Drummondville, Alexandre Cusson, qui a confirmé avoir été approché pour l'ouverture d'une succursale. « Oui, on poursuit nos discussions », a-t-il dit.

Alexandre Cusson, qui préside l'Union des municipalités du Québec (UMQ), a d'ailleurs salué le travail de la SAQ. « L'équipe de la SAQ est exemplaire. Elle parle aux villes, rencontre les villes. Ces discussions doivent se poursuivre, mais on est satisfaits jusqu'à présent. »

Laval a toutefois adopté une approche plus prudente, ayant décidé de mener un sondage avant d'autoriser l'implantation d'une succursale. Le maire Marc Demers a dit avoir commandé un sondage à une firme reconnue pour prendre le pouls de la population. 

« La décision qu'on a à prendre, c'est : est-ce qu'on veut faire partie de la première vague ? C'est sûr qu'il va y en avoir à Laval, mais il s'agit de savoir quand et où », a dit Marc Demers.

Les résultats de ce coup de sonde devraient être dévoilés sous peu, la fenêtre étant petite avant la légalisation du cannabis. L'administration Demers a choisi de mener un sondage plutôt qu'une consultation pour éviter de voir un groupe de pression accaparer les échanges.

UN « COMITÉ CANNABIS »  À CHÂTEAUGUAY

À Châteauguay, l'administration du nouveau maire, Pierre-Paul Routhier, a mis sur pied un « comité cannabis » en janvier dernier pour se préparer à la nouvelle réalité. Il s'agit d'un comité consultatif permettant notamment de proposer « le meilleur encadrement possible quant à la consommation dans les lieux publics et la localisation des points de vente ». Y siégeront trois citoyens, des représentants de la Maison des jeunes et de la police de Châteauguay, ainsi que deux conseillers municipaux.

De plus, le conseil municipal de Châteauguay a adopté une nouvelle réglementation permettant les activités de culture de cannabis ainsi que de produits de cannabis dans son parc industriel. Les investisseurs pourraient bénéficier d'un crédit de taxes (programme régressif étalé sur cinq ans) créé un mois plus tôt afin de stimuler le développement économique sur son territoire.

Invitée à commenter, la SAQ a préféré ne pas dévoiler la liste des villes approchées pour l'ouverture des succursales de vente de cannabis, disant que seules des « démarches exploratoires » étaient en cours. On attend en effet l'adoption du projet de loi fédéral et du cadre réglementaire par Québec avant de finaliser les plans.

DE L'ARGENT, PAS DE LA BUREAUCRATIE

Lors d'un point de presse hier, l'UMQ a par ailleurs réitéré ses demandes à Québec sur le partage des redevances du cannabis. Les villes québécoises souhaitent obtenir un tiers des revenus, ce qui pourrait représenter 30 millions selon les évaluations préliminaires. Elles souhaitent que le budget provincial qui sera présenté mardi détaille les montants, mais aussi comment le gouvernement compte transférer ces sommes.

« Pas question pour nous de nous engager dans une bureaucratie, une reddition de comptes à ne plus finir. Québec ne rendra pas de comptes à Ottawa, alors les municipalités ne rendront pas de comptes à Québec non plus », a dit Alexandre Cusson.

Présente à ses côtés, la mairesse Valérie Plante a estimé que le temps pressait. « La légalisation, c'est demain matin. On parle de juillet, août ou le début de l'automne. Il nous faut des garanties », a-t-elle plaidé.