Ottawa devrait accroître son financement en santé en haussant les impôts, a proposé jeudi une coalition de partisans du système public, alors que les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de la Santé se rencontrent à Halifax pour discuter du prochain accord sur les soins de santé.

Maude Barlow, du Conseil des Canadiens, plaide que le gouvernement fédéral devrait conclure une entente de 10 ans - et non de 5 - pour ses paiements de transfert aux provinces en matière de santé, une entente qui devrait selon elle prévoir des augmentations de six pour cent par année. Mme Barlow suggère ainsi d'aller au-delà de la promesse du premier ministre Stephen Harper, qui prévoyait plutôt appliquer une telle hausse dans les financements jusqu'en 2016.

«Nous nous inquiétons beaucoup de la possibilité qu'il ne veuille reconduire l'entente après 2016», a souligné Mme Barlow.

Au cours d'une conférence de presse organisée à Halifax, Mme Barlow s'est aussi portée à la défense du système de santé public. Elle a affirmé que la Loi canadienne sur la santé devait être appliquée avec plus de fermeté pour empêcher les cliniques privées de saper le réseau public.

Selon le Conseil des Canadiens, la couverture des différents systèmes d'assurance-maladie publics devraient aussi être élargie pour inclure les médicaments, les soins de longue durée et les soins dentaires. Mme Barlow a mentionné qu'un programme national d'assurance-médicaments, par exemple, contribuerait à contrôler l'ensemble des coûts des soins de santé.

«La partie publique des soins de santé est demeurée stable, celle qui ne l'est pas et qui entraîne ces hausses, c'est la partie qui n'est pas incluse dans le système public de couverture», a-t-elle ajouté.

Un regroupement de syndicats du secteur de la santé, le Canadian Health Professionals Secretariat, a quant à lui préconisé l'annulation des réductions d'impôts accordés à des particuliers et des entreprises, afin que la couverture des soins de santé puisse être élargie.

Plusieurs gouvernements se sont plaints du fait que les compressions sur les coûts se sont traduits, au final, par une part disproportionnée de leur budget total allouée aux soins de santé.

La porte-parole du regroupement de syndicats Elisabeth Ballermann a remis en question l'argument selon lequel les systèmes actuels de financement pour la santé ne sont pas viables. Elle a soutenu que ce sont les politiques fiscales des gouvernements fédéral et provinciaux qui ont affamé le système.

«La première chose à laquelle nous devrions nous attaquer, c'est l'équité des impôts, plutôt que de vouloir couper dans les programmes sociaux. Si vous décidez de réduire la grosseur totale de la tarte mais que vous ne changez pas d'un iota le financement alloué aux soins de santé, il est inévitable que ce secteur monopolise une partie importante de la tarte», a-t-elle illustré.

Les ministres de la Santé discuteront de l'avenir du financement des réseaux après l'expiration en 2014 de l'actuelle entente fédérale-provinciale.

Pour la présente année fiscale, Ottawa transfère 27 milliards $ aux régimes de santé provinciaux. Ce montant devrait augmenter de six pour cent par année au cours des quatre prochaines années.