Laissées pour compte dans l'entente avec le secteur public, les infirmières se préparent au pire: la grève si nécessaire, mais pas nécessairement la grève.

Les négociations sont au point mort, aucune rencontre n'est prévue avec le gouvernement. Le syndicat des infirmières rencontrera ses membres pour tenir un vote de grève à la fin du mois de septembre.

Représentant près de 60 000 professionnelles en soins, la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) est en effet le seul syndicat du Front commun du secteur public à ne pas avoir signé le règlement global convenu au début de l'été.

Dans une entrevue téléphonique mardi après-midi, la responsable politique des négociations à la FIQ, Sylvie Savard, a affirmé qu'il vaut mieux garder la convention collective actuelle, échue depuis mars, plutôt que d'accepter la dernière offre du gouvernement qui «détériorerait les conditions de travail» de ses membres.

Elle a indiqué que son syndicat «fera tout pour éviter» des conflits de travail comme ceux de 1989 et 1999.

«Nous, on fait tout pour ne pas que ça arrive, a insisté Mme Savard. Mais, par contre, dans notre plan d'action, il y aura un vote de grève à la fin de septembre. On souhaite qu'on n'en arrive pas là, ce n'est pas notre volonté. Nous, on veut négocier. On espère que le gouvernement en arrivera à comprendre notre priorité, qui est l'aménagement du temps de travail.»

Elle a ajouté que les négociations du printemps dernier ont été difficiles avec le ministre Yves Bolduc. Un remplacement au cours du remaniement aurait amené un «vent nouveau», selon elle.

Le syndicat a proposé divers scénarios de réorganisation du travail, mais demande essentiellement au gouvernement de payer les infirmières une demi-heure de plus par jour, ce qui correspond au temps qu'elles prennent pour faire le relais des équipes de quart.

Le coût de cette mesure serait de 100 millions $ par année, selon les calculs de la FIQ.

Il faut accorder des horaires à plein temps sur quatre jours aux surnuméraires, pour ainsi diminuer les coûts de remplacement, les heures supplémentaires, ainsi que pour éviter de perdre la main d'oeuvre au profit des agences privées, a précisé la négociatrice.

Le gouvernement répond pour sa part qu'il n'a jamais eu auparavant à payer pour le relais des équipes de quart et craint par ailleurs des pénuries d'effectifs, a résumé Mme Savard.

La FIQ convient qu'il pourrait y avoir une pénurie à court terme, en raison de la réorganisation des horaires, mais qu'elle serait résorbée parce que le travail dans le secteur public redeviendrait plus attrayant qu'en agence privée, grâce à une garantie de temps complet.

«À la longue il n'y aurait pas de pénurie. Nous, on fait le pari que ça fonctionnerait.»

Mme Savard a soutenu que sa fédération a fait beaucoup de compromis, mais ne pliera pas sur l'aménagement du temps de travail, d'autant plus qu'elle a l'appui de la population, selon des sondages.

«On a beaucoup modifié notre projet de départ: on a fait quatre ou cinq dépôts (de propositions) où on modifiait notre aménagement», a-t-elle dit, en expliquant que le syndicat avait notamment diminué le temps rémunéré par jour et converti des congés de maladie, pour diminuer les coûts.

«Mais les employeurs ont peur d'avoir parfois des surplus (de main d'oeuvre) et (en même temps) disent que cela va créer un trou (dans les effectifs). Nous on dit que si on l'applique maintenant, à long terme ce sera payant.»

La nouvelle présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, n'a pas donné suite aux demandes d'entrevue.