Le tatouage est interdit dans tous les établissements de détention du Canada, qu'ils soient de compétence provinciale ou fédérale, parce que les autorités jugent qu'il s'agit d'une pratique dangereuse pour la santé des détenus, mais aussi à cause du matériel utilisé, qui peut facilement se transformer en arme.

«En plus, l'une des fonctions du tatouage pour les détenus, c'est l'identification à un groupe criminel. On ne peut pas encourager ça», explique Marie-Michèle Lacasse, porte-parole du ministère de la Sécurité publique du Québec.

 

Il y a six ans, le gouvernement fédéral avait ouvert, dans un projet pilote, des salons de tatouage dans cinq établissements du pays, dont le pénitencier de Cowansville, au Québec. L'initiative était financée par Santé Canada, qui y avait investi 600 000$.

Des détenus avaient été formés dans chaque pénitencier et on leur avait fourni du matériel stérile. En 14 mois, ils ont réalisé 146 tatouages sur 140 détenus. Les détenus devaient débourser 5$ pour avoir droit à ce service, une aubaine par rapport aux salons de tatouage hors murs, qui demandent près de 200$ pour un service semblable. Les dessins racistes ou les symboles liés aux gangs étaient cependant interdits.

Après un an, on a mis fin à l'expérience, qui avait soulevé un tollé dans l'opinion publique et parmi les agents correctionnels. Le ministre de la Sécurité publique de l'époque, Stockwell Day, avait rapidement émis des réserves sur ce programme.

«Malgré ce programme, les agents nous disaient que le tatouage au noir continuait», explique Jean-Sébastien Roy, porte-parole des Services correctionnels du Canada. Ni le fédéral ni le provincial n'ont cependant de données précises sur le nombre d'appareils illégaux saisis dans les prisons.

Au Québec, Marie-Michèle Lacasse souligne qu'on n'a jamais pensé à instaurer un tel programme. «Nous préférons investir l'argent dans des programmes de prévention et de sensibilisation.»

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5$

Prix que les détenus devaient débourser pour avoir droit à un tatouage. Une aubaine par rapport aux salons de tatouage hors murs, qui demandent près de 200$ pour ce service.