Le promoteur du Quadrilatère du boulevard Saint-Laurent a beau vouloir commencer les travaux en janvier 2010, afin d'être dans les délais du déménagement d'Hydro-Québec prévu en 2012, il devra affronter une levée de boucliers. Tant l'actuel propriétaire du Café Cléopâtre que celui du Montréal Pool Room, connu pour ses hot-dogs, préfèrent de loin demeurer là où ils sont depuis des décennies.

À la suite de l'article paru dans La Presse hier, qui dévoilait les recommandations de l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM), la direction du Café Cléopâtre n'a pas tardé à féliciter l'instance au sujet de l'importance de conserver les institutions dans le secteur Lower Main, indépendamment de leur nature. Lors d'un entretien, en après-midi, le fils du propriétaire du Café, Dimitri Zoumboulakis, a affirmé qu'aucune offre n'a de toute façon été déposée par le promoteur (Société de développement Angus représenté par Christian Yaccarini).

 

«Nous sommes ouverts à discuter, mais il est clair que nous préférons demeurer où nous sommes. Notre clientèle est établie depuis 30 ans et on accueille des visiteurs de l'Europe et de l'Asie. Ailleurs, ce ne serait pas la même chose. Nous avons notre place sur la Main, nous en faisons partie.»

Maire de Ville-Marie et candidat pour le parti de l'opposition officielle à l'hôtel de ville, Vision Montréal, Benoit Labonté, bien au fait du projet de construction d'un édifice de 12 étages avec commerces au rez-de-chaussée, estime pour sa part que «l'échéancier de la SDA est artificiel».

Tremblay muet

À la Ville de Montréal, ni le maire Tremblay ni son exécutif n'ont accepté de commenter publiquement la sortie du rapport critique de l'OCPM. Et ce, même si l'instance consultative a décidé de dévoiler publiquement ses conclusions, hier après-midi, à la suite de la parution des conclusions dans La Presse. Il était initialement prévu que le rapport soit présenté aux élus la semaine prochaine.

Quant au principal concerné, Christian Yaccarini, de la SDA, il a expliqué qu'il ne voulait formuler aucun commentaire, même après la diffusion publique. «Je vais d'abord prendre connaissance des rapports.»

Dans son volumineux rapport, l'OCPM estime que le projet n'est pas «mûr» pour sortir de terre. Le concept architectural est largement critiqué pour sa volumétrie et sa densité. Quant aux enjeux patrimoniaux, les commissaires proposent quatre options, dont la restauration des édifices existants.

«J'espère que l'administration va recevoir le rapport et l'accepter par courtoisie pour tous les citoyens, des bénévoles faut-il le préciser, qui ont participé aux audiences, dit Dinu Bumbaru, dirigeant de l'organisme Héritage Montréal. Il ne faut pas que le quadrilatère devienne un objet de politicaillerie. Une équipe d'experts devrait être mise en place par la Ville. La SDA a beau avoir de l'expérience avec le Technopôle Angus, il reste que le centre-ville est à part. Et le patrimoine de la Main tient aussi à son atmosphère et à sa culture.»