Après les avoir brusqués pendant les premières semaines de son mandat, Pauline Marois a orchestré, dans les derniers jours, une opération charme visant les grands acteurs du milieu des affaires.

Pour son premier grand discours devant le gratin économique depuis son arrivée au pouvoir, Mme Marois a voulu assurer aux gens d'affaires que ses projets sociaux ne l'empêcheraient pas de faire preuve d'une grande «rigueur» budgétaire avec les fonds publics.

Pauline Marois a aussi martelé que son gouvernement est résolument en faveur du libre-échange, du développement du Nord et de l'exploitation du pétrole québécois.

«Nous sommes déterminés à accélérer la croissance», a-t-elle affirmé vendredi devant presque 1000 acteurs du monde des affaires réunis par la chambre de commerce du Montréal métropolitain. «Nous sommes prêts à accueillir les investissements de l'étranger et de chez nous, dans tous les secteurs. Je veux que ce message soit entendu partout.»

Séduire les gens d'affaires

Le discours de Pauline Marois, exempt de toute référence au projet souverainiste, était la pièce maîtresse de l'opération charme organisée autour de la première ministre.

La veille, en soirée, Mme Marois avait rencontré une quinzaine de présidents des plus grandes entreprises québécoises. Son ministre des Finances, Nicolas Marceau, était en déplacement en Alberta.

Vendredi matin, elle a échangé avec une vingtaine de jeunes entrepreneurs, dirigeants d'entreprises émergentes.

L'opération charme du gouvernement Marois survient dans un contexte où les agences de notation Standard&Poor's et DBRS menacent de diminuer la cote de la Caisse de dépôt et placement si le gouvernement Marois décidait de contrôler plus directement les investissements de l'institution.

Inquiétude

L'initiative de communications de la première ministre semble avoir été bien accueillie. Pauline Marois devait impérativement communiquer avec le milieu des affaires afin de dissiper de réelles inquiétudes, a expliqué Michel Leblanc, président de la chambre de commerce.

«C'est clair qu'au début, lorsque le gouvernement a été élu, il y a eu des décisions qui ont été annoncées et qui semblaient être précipitées», a indiqué M. Leblanc, qui a ajouté que c'était notamment le cas sur le plan fiscal. «Ce que j'ai entendu aujourd'hui, c'est un discours qui semblait très dynamique, très positif. J'ai senti des personnes dans l'assemblée qui étaient positivement rassurées par ce discours.»

Un environnement d'affaires constamment bousculé n'est pas propice aux investissements majeurs, selon M. Leblanc.

Même son de cloche du côté de Françoise Bertrand, président de la Fédération des chambres de commerce du Québec.

«C'est très rassérénant, a-t-elle affirmé en entrevue avec La Presse. Elle interpelle les entreprises et le secteur économique. On va être au rendez-vous.» Mme Bertrand a toutefois reconnu «qu'il [lui] reste quelques questions», mais dit avoir bon espoir de voir des réponses émerger avec le temps.

Oui au pétrole québécois

Par ailleurs, Pauline Marois a confirmé la volonté de son gouvernement de donner le feu vert aux entreprises qui souhaitent faire de l'exploration et puiser du pétrole dans le sous-sol de la province.

«Le Québec ne doit pas hésiter à exploiter son propre potentiel pétrolier, a-t-elle affirmé. Imaginez un instant si le Québec réduisait ses importations de brut de moitié en y substituant de l'énergie d'ici. Ça voudrait dire des milliards de plus investis chez nous... Le Québec doit prendre les devants en Amérique du Nord: réduisons notre dépendance au pétrole importé et nous allons nous enrichir.»

La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a assuré que cette déclaration ne trahissait pas de changement de ton par rapport au discours habituel des élus péquistes. «J'ai annoncé qu'on était très ouverts à l'exploitation pétrolière. Mais nous allons faire les choses correctement, de façon responsable.»