Le gouvernement de Jean Charest tente d'obtenir un consensus avec l'opposition à l'Assemblée nationale afin d'augmenter son rapport de force face à Ottawa, en prévision de la rencontre des premiers ministres, vendredi.

Le premier ministre planche sur une motion qui serait votée probablement demain, soit le dernier jour de la session parlementaire extraordinaire qui s'est ouverte hier. Des discussions ont été entreprises avec le Parti québécois pour en arriver à une formulation acceptable pour tous. Depuis deux jours, les partis de l'opposition réclament l'adoption d'une motion à l'unanimité, notamment contre le plafonnement des versements de la péréquation et pour réitérer l'opposition du Québec à la création d'une commission des valeurs mobilières pancanadienne.

 

«Si on peut donner notre appui au gouvernement du Québec entre autres au niveau de ses revendications au fédéral, on souhaite pouvoir le faire. On se présente ici pour l'aider», a souligné hier Mario Dumont, toujours chef de l'ADQ en attendant que son successeur soit nommé.

«Il faut être très insistant auprès d'Ottawa, a pour sa part estimé le chef de l'opposition officielle péquiste, Pauline Marois. Ottawa a aidé l'industrie automobile. Plus de 2 milliards de dollars pour l'industrie automobile et à peine 217 millions pour notre industrie manufacturière.»

Au sujet d'une possible commission des valeurs mobilières unique, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a dit qu'elle était prête à se rendre jusque devant les tribunaux pour contester une éventuelle décision du gouvernement qui irait en ce sens. «Probablement que nous en appellerions d'une telle décision, a dit Mme Jérôme-Forget. Je sais que mon collègue de l'Alberta songe à faire la même chose.»

Elle a par ailleurs mis en doute la crédibilité du dernier rapport d'un groupe d'experts, rendu public lundi, qui préconise la création d'un organisme pancanadien, clamant qu'il a été écrit par «un ami» des conservateurs, dont la position en faveur d'une commission des valeurs mobilières unique est de notoriété publique «depuis 10 ans», selon la ministre.

Le premier ministre Harper recevra ses homologues des provinces et territoires lors d'une rencontre vendredi, à Ottawa, pour parler d'économie. Une réunion du Conseil de la fédération aura lieu demain, pour que les premiers ministres des 10 provinces et trois territoires du Canada s'arriment sur certaines positions et demandes à faire au gouvernement fédéral.

Vallières élu président

L'inauguration de cette session extraordinaire a donné lieu à l'élection, sans surprise, du nouveau président de l'Assemblée nationale, le libéral Yvon Vallières, le député le plus ancien à Québec, élu pour la première fois en 1973. M. Vallières concrétise ainsi un rêve qui lui avait échappé de peu en octobre dernier, les deux partis de l'opposition, PQ et ADQ, alors majoritaires, s'étant alliés pour lui barrer la route. Les députés libéraux Fatima Houda-Pepin et Jacques Chagnon ont été réélus respectivement premier et deuxième vice-président. Le péquiste François Gendron, qui a été président pendant un court laps de temps, soit depuis octobre, obtient le poste de troisième vice-président.

Au cours de cette très courte session, la ministre des Finances présentera, aujourd'hui, un énoncé économique, qui sera par la suite débattu par les députés. Le gouvernement tentera de faire adopter un seul projet de loi, sur les caisses de retraite privées, présenté et débattu aussi aujourd'hui par les parlementaires. Le processus d'adoption du projet de loi, qui prend d'habitude des jours, voire des semaines, sera grandement accéléré. Les députés devront d'ailleurs siéger en soirée, afin d'arriver à franchir toutes les étapes normales à l'adoption d'une loi.

Avec la collaboration de Tommy Chouinard