Bien qu'il ne remette pas en cause son «attachement» aux Nations unies, le gouvernement Harper estime que cet organisme doit passer moins de temps à se regarder le nombril et plus de temps à s'attaquer à des problèmes concrets, a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères, John Baird.

«Les Nations unies doivent passer moins de temps à s'analyser pour mieux se concentrer sur les problèmes qui requièrent leur attention», a affirmé le chef de la diplomatie canadienne, devant l'Assemblée générale de l'ONU qui se tenait à New York.

Les critiques de M. Baird surviennent quelques jours après que Stephen Harper eut accusé l'organisme international d'avoir trop souvent fait la part belle aux dictateurs.

M. Harper a brillé par son absence à l'assemblée annuelle de New York, courue par des chefs d'État du monde entier. Plusieurs observateurs y voient la preuve que le Canada boude l'ONU, deux ans après qu'Ottawa eut échoué à obtenir un siège au Conseil de sécurité.

Liens étroits

Au cours des derniers mois, plusieurs voix au caucus conservateur se sont élevées pour réclamer que le Canada claque la porte de l'ONU. Mais M. Baird a pris soin de souligner les liens étroits entre l'ONU et le Canada, septième contributeur financier de l'organisme.

«Notre attachement aux Nations unies a été mis à l'épreuve, mais ne s'est jamais démenti, a-t-il affirmé. Ce n'est pas en dépit de cet attachement, mais plutôt en raison de celui-ci que nous ne pouvons et ne voulons participer à une introspection sans fin et inutile.»

Des projets de réforme de l'ONU reviennent régulièrement dans les discussions au sein de l'organisme. Certains souhaitent en outre réduire le pouvoir du Conseil de sécurité, dont les cinq membres permanents disposent d'un droit de veto qui permet souvent de bloquer des actions internationales concertées.

M. Baird ne veut rien entendre de ces débats. À ses yeux, l'ONU doit d'abord travailler à maintenir la paix et favoriser la prospérité. Il cite en exemple les cas de la Syrie et de l'Iran, pour lesquels des tiraillements internes aux Nations unies bloquent une action internationale concertée.

Bien qu'elle se dise «partiellement rassurée» par la profession de foi du ministre Baird à l'égard de l'ONU, la députée du Nouveau Parti démocratique Hélène Laverdière, s'est dite étonnée que le ministre veuille escamoter un débat sur le fonctionnement de l'organisme. D'autant plus que le gouvernement conservateur a maintes fois exprimé sa frustration à ce sujet.

«Si on a des problèmes sur le processus, si on veut améliorer la capacité des Nations unies à remplir ses mandats et tous ses mandats, il faut parler des processus parce que c'est à travers le processus qu'on réussit à obtenir des résultats», a-t-elle déploré.