Il n'y a pas de mauvais emplois, a affirmé lundi le ministre des Finances Jim Flaherty alors que plusieurs craignent que le gouvernement ne modifie l'assurance-emploi pour forcer les chômeurs à accepter n'importe quel boulot.

Le gouvernement semble ainsi envoyer un signal qu'il s'apprête à serrer la vis aux chômeurs en rendant l'accès à l'assurance-emploi plus difficile.

Vendredi, le Nouveau Parti démocratique (NPD), le Bloc québécois et des centrales syndicales ont fait une sortie pour dénoncer le fait que le gouvernement fédéral s'apprêterait selon eux à contraindre les prestataires d'assurance-emploi à accepter des emplois moins bien rémunérés et hors de leur domaine de compétence.

Ces modifications à l'assurance-emploi seraient noyées dans l'immense projet de loi C-38 qui vise à mettre en oeuvre le dernier budget.

L'opposition à Ottawa se plaint que la pièce législative vise bien plus que le budget et n'est en fait qu'un fourre-tout pour toutes sortes de changements impopulaires qui éviteront ainsi d'être trop remarqués.

Entre autres choses, le gouvernement s'apprêterait à modifier les définitions d'emploi convenable et non convenable pour les fins de l'assurance-emploi, ce qui aurait des conséquences importantes pour ceux qui reçoivent des prestations.

Questionné lundi à savoir si l'on verra des ingénieurs cueillir des fruits dans les champs parce qu'ils n'auront plus droit à leurs prestations, le ministre Flaherty a répliqué qu'«il n'y pas de mauvais emplois».

«Le seul mauvais travail est de ne pas avoir de travail, a-t-il dit. On doit faire ce qu'il faut pour gagner sa vie.»

Lors d'un point de presse convoqué pour enjoindre l'opposition à adopter rapidement C-38, il a fait valoir qu'il avait déjà travaillé comme chauffeur de taxi et arbitre au hockey.

Mais l'opposition se plaint justement du bâillon imposé sur C-38 qui l'empêche d'étudier le projet en profondeur. Elle s'oppose aussi à l'idée de devoir voter sans connaître cette nouvelle définition «d'emploi convenable».

Tentant de calmer le jeu, M. Flaherty a confirmé qu'il y aura une définition plus large de la notion «d'emploi acceptable». Mais pour les détails, il renvoie la balle à la ministre responsable des Ressources humaines, Diane Finley, et préfère la laisser faire part des changements envisagés et des définitions retenues.

Il a toutefois averti que le pays va faire face - et doit déjà composer - avec une pénurie d'emplois dans plusieurs domaines. Il souhaite voir plus de personnes avec des handicaps, des personnes âgées et des autochtones sur le marché du travail.

Pour ce faire, il faut «se débarrasser des mesures tendant à décourager l'emploi», croit-il.

La porte-parole néo-démocrate en matière de Finances, Peggy Nash, croit que les Canadiens devraient être préoccupés par la position que semble adopter le gouvernement dans ce dossier.

«Si vous êtes un concepteur de logiciels, est-ce que vous devrez travailler chez Tim Horton? Si vous êtes un professeur ou une infirmière sans emploi, devrez-vous travailler dans le domaine agricole et cueillir des fruits?» a-t-elle demandé.

«Ce serait un gaspillage monstre de compétences (...), de talent et de formation», a-t-elle ajouté.

Elle a rappelé que l'assurance-emploi est une «assurance» payée par les travailleurs et leurs employeurs et n'est pas un programme financé par le fédéral.

Le député libéral Marc Garneau estime que les propos du ministre sont une menace pour les Canadiens qui ne veulent pas accepter un emploi dans un autre domaine ou une autre ville.

Quant au député bloquiste André Bellavance, il a souligné que le «débat reste à faire sur cette question», puisque les changements n'ont pas été expliqués par le gouvernement