De nouveaux documents publiés démontrent que des hauts fonctionnaires étaient irrités lorsqu'ils subissaient des pressions de la part des membres du personnel politique des conservateurs pour rencontrer Rahim Jaffer mais qu'ils ont tout de même rapidement étudié l'une de ses propositions d'affaire.

Les quelques 70 pages de courriels échangés par des fonctionnaires du ministère des Travaux publics et de Service Canada faisaient partie des documents déposés cette semaine à un comité des Communes et au Commissariat au lobbying.

Les députés fédéraux scrutent à la loupe les allégations de lobbyisme illégal qui aurait été exercé par l'ancien député conservateur et son partenaire d'affaire, Patrick Glémaud.

Les documents révèlent que Rahim Jaffer contactait sans retenue les personnes qu'il connaissait dans six ministères différents pour discuter de ses projets d'affaire et que ses requêtes étaient traitées rapidement et parfois même «en priorité». M. Jaffer employait souvent l'adresse parlementaire assigné à sa femme, Helena Guergis, l'ex-ministre d' DEtat fédérale à la Condition féminine.

Le député néo-démocrate Pat Martin a affirmé que les conservateurs avait enfreint leur propre Loi fédérale sur la responsabilité en ne vérifiant pas si M. Jaffer était enregistré comme lobbyiste avant de le rencontrer.

«La première personne qui devrait être posée à quiconque qui entre dans votre bureau c'est s'il elle est enregistrée au registre des lobbyistes. Si tel n'est pas le cas, la rencontre est automatiquement terminée. C'est ce que le Commissariat au lobbying suggère aux membres du Parlement», a expliqué M. Martin.

Le ministre de l'Infrastructure, John Baird, s'est gardé de répondre, jeudi, aux questions qui visaient à définir si ce qui est arrivé était approprié, affirmant simplement que Rahim Jaffer n'avait jamais reçu d'argent d'Ottawa.

«C'est ce gouvernement qui a été transparent, a dit M. Baird à la Chambre des communes. Nous débattons de ces documents parce-que nous les avons rendu publics», a-t-il plaidé.

M. Jaffer et son partenaire d'affaire, Patrick Glémaud, ont soutenu qu'ils n'avaient jamais fait de lobby auprès de personne et qu'ils ne faisaient que demander des informations au sujet de programmes gouvernementaux.

Mais le personnel de celui qui était alors le ministre des Travaux publics, Christian Paradis, s'est donné beaucoup de mal pour fournir les informations réclamées par le duo.

Le directeur des affaires parlementaires du ministre, Sébastien Togneri, a exercé des pressions auprès des fonctionnaires des plus hauts niveaux pour que son ministère organise une rencontre avec M. Glémaud et étudie son projet de panneaux solaires qui auraient été installés sur le toit des édifices du gouvernement.

Le directeur du personnel du sous-ministre a répondu au bureau de Christian Paradis qu'aucune rencontre ne serait organisée avec son patron et a renvoyé la requête à d'autres bureaux.

Plus tard, un conseiller en stratégie du sous-ministre a suggéré dans un des messages qu'une politique devrait être établie pour traiter les requêtes de personnes telles que M. Jaffer.

Il a soutenu que le sous-ministre s'inquiétait du fait que de telles demandes dérangeaient les employés et les éloignaient du travail qu'ils étaient supposés accomplir.

Lorsque les rencontres avec M. Jaffer et M. Glémaud ont été reportées à l'automne, M. Togneri a fait parvenir un message insistant dans lequel il demandait ce qui se passait.

Un mois plus tard, cinq fonctionnaires ainsi qu'un employé du ministre ont rencontré M. Glémaud mais le projet de Rahim Jaffer n'a jamais été approuvé pour recevoir du financement.

La ministre actuelle des Travaux publics, Rona Ambrose, a fait parvenir les documents au Commissariat au lobbying cette semaine, affirmant que la rencontre avec M. Glémaud avait été «organisée par le ministère».