Il faisait chaud, hier, pour faire bouillir de l'eau d'érable. Ce qu'a pourtant fait Denis Charbonneau de Mont-Saint-Grégoire. «On fait du sirop ambré, qui sert surtout pour la transformation», a expliqué le producteur, qui entaille 3000 érables à la chaudière. C'est possiblement son dernier sirop d'érable de 2012.

Autour de Montréal, «ce serait très surprenant que les érables coulent de nouveau», a indiqué Simon Trépanier, directeur adjoint de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec. Déjà, les bourgeons des érables argentés ont éclaté à Mont-Saint-Grégoire. Ceux des érables à sucre se gardent toutefois une petite gêne, permettant d'espérer un prolongement des sucres. «S'il vient un gel comme prévu, on va peut-être continuer la saison», a souhaité M. Charbonneau.

Avis aux amateurs de tire: il n'y a pas de pénurie en vue (sauf peut-être pour la neige sur laquelle on l'étend!). Vrai, la saison des sucres se termine deux ou trois semaines plus tôt qu'à l'habitude en Montérégie et en Estrie, où l'on compte environ 1000 producteurs. Mais elle a aussi commencé... deux ou trois semaines plus tôt que prévu. Et la Fédération dispose d'une réserve stratégique de 36,5 millions de livres de sirop récoltées au cours des dernières années.

Début de saison ailleurs au Québec

«Il y a aussi 6500 producteurs ailleurs en province, a fait valoir M. Trépanier. Pour plusieurs, c'est le début de la saison. Ils vont en motoneige vérifier leurs stations de pompage, dans le bois. C'est dire à quel point il y a encore de la neige dans ces secteurs-là.»

En Beauce, Frédéric Marcoux a été étonné de voir que ses 1500 érables coulaient toujours hier, malgré la vague de chaleur. «La récolte doit être grosso modo à 60% d'une année moyenne, a-t-il évalué. Ça pourrait se terminer cette semaine, l'eau commence à être brouillée.»

Mais des producteurs situés tout près pourront continuer. «En terrain accidenté comme en Beauce, il y a d'énormes différences, a dit M. Marcoux. Les érablières penchant au sud, comme la nôtre, écopent. Le parallèle avec les stations de ski pourrait se faire.»

Sève ou pas, les gourmands pourront se sucrer le bec à la cabane jusqu'à la fin d'avril. «Du côté touristique, c'est une année extraordinaire, a dit M. Charbonneau. Étant donné qu'il fait beau, les gens viennent beaucoup à la cabane à sucre. Il ne faut pas oublier qu'on est encore ouverts.»