Le gouvernement Marois ouvre aujourd'hui le Sommet sur l'enseignement supérieur sans être parvenu à une entente avec les recteurs concernant les compressions de 250 millions de dollars en deux ans.

Les négociations ont progressé au cours des derniers jours, mais pas suffisamment pour qu'une entente soit à portée de main. Québec aurait voulu arriver à un accord à temps pour le sommet.

La Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) avait prévu une conférence téléphonique avec ses membres en après-midi, hier. Mais celle-ci a été annulée parce que les développements n'étaient pas assez significatifs, a indiqué une source universitaire à La Presse. Une autre source a confié qu'il y a encore bien du «flou» dans les échanges avec le gouvernement.

De son côté, la directrice des communications de la CREPUQ, Chantal Pouliot, s'est contentée de dire que «les discussions se poursuivent avec le gouvernement».

La CREPUQ souhaite que le gouvernement permette aux universités d'utiliser en 2013-2014 une partie du réinvestissement promis pour l'année 2014-2015. Cela leur permettrait de combler les compressions de 124 millions pour 2013-2014. Rappelons que les universités subissent également des coupes de 124 millions pour l'année en cours (2012-2013).

Québec a fait quelques propositions de son côté. Le secrétaire général Jean St-Gelais, plus haut fonctionnaire du gouvernement, est intervenu dans le dossier. Plus tôt ce mois-ci, le gouvernement suggérait aux universités de leur permettre d'enregistrer des déficits et d'avoir plus de temps pour les résorber.

Le ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, a affirmé à La Presse vendredi que le gouvernement ne renoncera pas aux compressions de 250 millions, mais qu'il est ouvert à des «aménagements». «On est ferme sur les objectifs, mais souple sur les moyens», a-t-il dit, reprenant la formule classique de la première ministre Pauline Marois.

Québec s'est engagé à augmenter graduellement les subventions aux universités afin qu'elles atteignent près de 3,6 milliards en 2018-2019, une hausse de 800 millions par rapport à cette année. Pour l'année 2014-2015, la hausse serait de 8,5%. Le Sommet servira entre autres à discuter du «mode de distribution» de cette cagnotte. Québec veut en effet lier son réinvestissement «à l'atteinte de certains objectifs».

Unis dans la bataille contre les compressions, les recteurs sont toutefois divisés au sujet de la révision de la formule de financement qu'envisage le gouvernement Marois. Québec veut changer la formule actuelle, basée essentiellement sur le nombre d'étudiants, notamment pour augmenter les subventions des universités qui accueillent davantage d'étudiants de «première génération» (dont les parents n'ont pas fréquenté le réseau universitaire). L'idée plaît au réseau des universités du Québec, puisqu'elles en accueillent déjà plus que les autres. Le recteur de l'Université Laval, Denis Brière, a quant à lui condamné l'intention du gouvernement.

Le recteur de l'Université de Montréal, Guy Breton, milite en faveur d'une modulation des droits de scolarité selon le domaine d'étude. Le réseau des universités du Québec s'y oppose. Sur plusieurs enjeux, on constate un clivage entre ce réseau - dont fait partie l'Université du Québec à Montréal, par exemple - et les «universités à charte», comme Montréal, McGill et Laval.