La chef péquiste Pauline Marois se laisse gouverner par les manifestations des étudiants et l'opportunisme politique, a déclaré mercredi la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp.

Mme Beauchamp a ainsi riposté à une question de la députée péquiste Marie Malavoy, qui l'accusait de faire la sourde oreille face aux revendications étudiantes.

Selon la ministre, Mme Marois fait preuve d'opportunisme en promettant d'annuler la hausse des droits de scolarité, qui a mené les étudiants à descendre dans la rue au cours des dernières semaines.

«Ici, on se gouverne de façon responsable, a-t-elle dit en Chambre. Quel est le choix de la chef de l'opposition? Quel est son choix politique? C'est d'être gouvernée par la rue et l'opportunisme politique.»

Faisant référence à la promesse qu'un gouvernement péquiste organisera un sommet pour déterminer les frais de scolarité, le premier ministre Jean Charest a aussi écorché Mme Marois.

«Elle qui porte le carré rouge aujourd'hui, qu'elle a choisi d'arborer, n'a certainement pas fait preuve de leadership sur cette question-là, a-t-il dit. Au contraire. Les Québécois en auront pris bonne note.»

Mme Malavoy a déclaré que la situation opposant les étudiants au gouvernement est dans l'impasse, concernant la hausse prochaine des droits de scolarité.

Alors que le mouvement de protestation des étudiants en est à sa septième semaine, la députée péquiste a invité Mme Beauchamp à changer de stratégie pour mettre un terme à la «crise».

«Je demande à la ministre de tous les Québécois si elle ne pourrait pas sortir de la logique de l'affrontement, a-t-il dit. Je lui demande si l'appel au calme qu'elle vient d'évoquer, ça n'est pas elle qui pourrait le faire.»

Mme Beauchamp a répondu que la fermeté du gouvernement est dictée par l'intérêt de l'ensemble des Québécois, et non pas celui des seuls étudiants.

«Nous serons, nous ici, gouvernés par l'avenir du Québec, par le bien-être et le respect de l'ensemble des contribuables québécois», a-t-elle dit.

Pour illustrer le fait que Mme Beauchamp refuse tout dialogue, Mme Malavoy a rapporté le cas d'une grand-mère, Monique Massé, qui soutient s'être fait raccrocher au nez lorsqu'elle a appelé au cabinet de la ministre pour protester contre la hausse des droits de scolarité.

En entrevue à La Presse Canadienne, Mme Massé, une résidante de Saint-Jean-sur-Richelieu, a déclaré qu'elle avait été choquée d'être ainsi éconduite par la réceptionniste, il y a deux semaines.

«Quand elle a vu que je n'étais pas d'accord avec la ministre, elle m'a dit «c'est beau, c'est beau, c'est beau» et elle a raccroché, a-t-elle dit. En tant que payeur de taxes, c'est la ministre de tout le monde et elle doit nous écouter.»

Prenant l'exemple de son petit-fils, étudiant au cégep de Thetford Mines, Mme Massé a affirmé qu'en raison de leurs moyens financiers limités, plusieurs jeunes seront pénalisés par la hausse de 1625 $ des droits de scolarité, prévue sur cinq ans.

«Moi je suis contre ça parce que j'aime mieux payer mes taxes et payer de l'impôt pour aider les étudiants que les payer pour d'autres qui se payent du gros luxe», a-t-elle dit.

Hélène Sauvageau, l'attachée de presse de Mme Beauchamp, n'a pas été en mesure de confirmer si une réceptionniste avait coupé court à l'appel de Mme Massé.

Mme Sauvageau a cependant expliqué que le standard téléphonique du cabinet avait été pris d'assaut, à la suite de mots d'ordre qui ont circulé récemment dans les milieux étudiants.

«Dans ce contexte-là, est-ce que malencontreusement il est arrivé quelque chose, bien on s'en excuse si c'est arrivé, a-t-elle dit. Le cabinet a l'habitude de répondre avec courtoisie à tous les appels.»