Un groupe d'étudiants est venu dire sa façon de penser au ministre des Finances et au recteur de l'Université de Montréal, qui se trouvaient à l'hôtel de ville de Montréal. Un peu plus tôt, un étudiant a été arrêté pour entrave au travail des policiers à l'Université de Montréal où un campement à la mode Occupons Montréal serait sur le point d'être érigé.

La matinée s'est amorcée quand de petits groupes ont bloqué les entrées de quelques pavillons de l'institution universitaire qui se dresse sur le mont Royal. Peu après 9h, des policiers, embusqués derrière les portes du pavillon Maximilien-Caron pour empêcher les étudiants d'y entrer, les ont ouvertes pour les faire reculer.

Un jeune homme, qui a résisté, a été arrêté de façon musclée par les policiers. Il pourrait être accusé d'entrave au travail des policiers.

Comme c'est maintenant la norme dans presque toutes les manifestations, de nombreux jeunes ont filmé la scène.

Un campement devrait être érigé plus tard aujourd'hui à cet endroit, sur la place Laurentienne. Il n'est pas encore clair si les étudiants envisagent d'y rester en permanence, comme lors du mouvement Occupons Montréal l'automne dernier, ou pour la journée seulement.

En cours d'avant-midi, les étudiants ont aussi appris à la radio et via Twitter que le ministre des Finances Raymond Bachand et le recteur de l'Université de Montréal étaient présents à l'hôtel de ville de Montréal pour annoncer l'autorisation de Québec de passer à la deuxième étape de la transformation de la gare de triage Outremont en campus scientifique.

Un groupe d'environ 150 manifestants s'est alors spontanément formé et s'est massé près des garages de l'hôtel de ville, d'où, prévoyait-on, le ministre devrait sortir éventuellement avec sa limousine.

«On a entendu à l'émission d'Arcand que Bachand était ici, mais aussi notre recteur Guy Breton. Il ne nous écoute pas. Peut-être le fera-t-il ici?», a questionné un étudiant présent.

La présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, a déploré cette conférence de presse tenue en catimini par le ministre et le recteur.

«Ils ne veulent pas qu'on aille les déranger. Ça veut dire que nos actions ont de l'effet», analyse-t-elle.

La plupart des étudiants présents étaient de l'Université de Montréal.

Leurs slogans s'attaquaient tant au gouvernement «libéral et ses scandales», mais aussi au recteur. On scandait, en la modifiant légèrement, la désormais célèbre citation de Jonathan Montalvos, «mon recteur est riche en tabarnak».

«Notre recteur est ici pour annoncer qu'il ouvre un nouveau pavillon, ce qui est pour nous une course aux effectifs étudiants. Nous trouvons ça questionnable, dans le contexte où on demande aux étudiants 600 millions de dollars avec les hausses, et que ce pavillon coûtera 325 millions. Nous ne sommes pas certains qu'il s'agit d'un bon investissement», indique Stéphanie Tougas, de la Fédération des associations étudiantes du campus del'Université de Montréal (FAECUM).

Vers 11h30, comme l'espéraient les jeunes, les portes du garage se sont ouvertes. Les policiers les ont fait reculer pour laisser passer le cortège.

Une voiture de police, devant la fourgonnette Toyota Sienna du ministre et le VUS Lexus RH du recteur, et une autre voiture de police, ont tranquillement quitté les lieux.

Un manifestant s'est assis sur la chaussée devant la première voiture du cortège. Quatre policiers l'ont empoigné et délicatement déposé quelques mètres plus loin. Les huées étaient nourries à l'attention des deux administrateurs, mais aucun brasse-camarade n'a été signalé. Le commandant du poste de police du secteur discutait même de façon détendue et souriante avec les manifestants.

Un groupe d'étudiants collégiaux occupe également les bureaux de la Fédération des cégeps, à l'angle du boulevard Crémazie et de la rue Lajeunesse, depuis 12h30.

Ils seraient entre 200 et 300, dont certains sont entrés dans l'immeuble. Ils sont pour l'instant calmes et la police les surveille, sans intervenir.

Des jeunes ont même confié trouver les agents présents bien sympathiques.

Ils protestent évidemment contre la hausse des droits de scolarité, mais surtout contre la gestion des coupes budgétaires dans le réseau des cégeps, qui se manifestent souvent, disent-ils, par des hausses de «frais institutionnels».

Du côté de l'UQAM, des étudiants ont aussi bloqué de nombreuses entrées. Un autre groupe manifestait en matinée devant le Collège Ahuntsic, rue Saint-Hubert. Un groupe a aussi peint en rouge, couleur de la rébellion étudiante, la chaussée à l'intersection de l'avenue Papineau et de la rue Sherbrooke.

Une autre importante marche, organisée par la FAECUM cette fois, aura lieu demain au centre-ville de Montréal. On y attend quelques milliers de manifestants.