Rien ne justifie la réduction de la cible d'immigration de 50 000 à 40 000 comme le souhaite le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ), selon I'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS).

Les chercheurs viennent de dévoiler une compilation des indicateurs mettant en lumière une nette amélioration du sort des immigrants au Québec depuis 10 ans. Mais, note l'IRIS, des obstacles importants se dressent encore sur le chemin de leur intégration.

Taux d'emploi

L'écart reste marquant entre le taux d'emploi des personnes nées à l'étranger et celui des natifs du Canada, tant au Québec que dans les autres provinces. Cependant, font remarquer les chercheurs, cet écart s'est rétréci depuis 2014 au Québec (86,6% contre 78,9%). Même que le taux d'emploi a légèrement dépassé celui des personnes immigrantes en Ontario (78,5%), précise Julia Posca, chercheuse à l'IRIS, un institut à but non lucratif se qualifiant d'indépendant et de progressiste.

«Ce qu'on peut dire, de façon générale, c'est que l'intégration des personnes immigrantes au Québec est plutôt réussie.»

Francisation

Les personnes immigrantes maîtrisent comme jamais le français, elles sont très scolarisées et participent en masse au marché du travail, conclut l'IRIS à la lumière de ses indicateurs. Ainsi, plus de la moitié des immigrants accueillis au Québec maîtrisent déjà le français à leur arrivée. Une hausse constante depuis les années 80.

«Il y a certainement encore des efforts à faire, mais ce serait plutôt au niveau des ressources scolaires, des mesures déployées par le ministère de l'Éducation. Dans les débats qui ont cours actuellement, on parle surtout des enjeux de valeurs. Ce que nos indicateurs démontrent comme obstacles, ce sont plutôt les enjeux de reconnaissance des diplômes, des acquis et de la discrimination à l'embauche», explique la chercheuse Julia Posca.

Inquiétudes

Avec un taux de chômage en baisse en 2018, pour atteindre 6,7% contre 4% chez les gens nés au pays, l'IRIS s'inquiète de plusieurs effets du projet de loi 9 visant à accroître la prospérité socioéconomique.

«Comme son nom l'indique, ce projet de loi ne considère l'immigration que sous l'angle économique. Il faut se donner les moyens de faire mieux en s'attaquant aux vrais problèmes. Il faut maintenir la cible de 50 000 par année et diversifier les critères motivant le choix des personnes immigrantes», ajoute Julia Posca.