Au moment où, dans le secteur privé, des retraités sont frappés par les déficits de leur régime de retraite, Québec injecte 168 millions du fonds consolidé pour maintenir à flot le régime de retraite des cadres du gouvernement.

La dernière édition de la Gazette officielle du Québec révèle que le Conseil du trésor a décrété une contribution « additionnelle » de 168,5 millions au fonds de cotisation du régime de retraite du personnel d'encadrement. C'était une deuxième injection de fonds publics ; en décembre 2017, Québec avait déjà consenti une première injection de 250 millions dans ce régime lourdement déficitaire, relève-t-on dans la Gazette.

Des sources au gouvernement indiquent que cette seconde décision, « mécanique », n'a pas suscité de débat important autour de la table du Conseil des ministres. Les cadres du gouvernement - ils sont plus de 28 000 assurés par le régime de retraite - avaient fait parler d'eux au printemps 2017 parce que Québec avait dû rétroactivement suspendre l'indexation de leur régime créé en 1973. Les cadres qui ont pris leur retraite entre 2001 et 2019 voyaient disparaître leur indexation pour cinq années. Cette mesure, décidée par Pierre Moreau, alors titulaire du Trésor, signifiait une réduction potentielle de leur rente de 4,3 % dans le pire scénario au point de vue de l'inflation.

Déficit actuariel

Québec avait alors plaidé qu'il lui faudrait injecter 1,8 milliard pour que les retraités actuels et futurs voient leur rente totalement capitalisée. Le fonds des cadres du gouvernement faisait des déficits de 35 millions par année, et le ministre Moreau avait demandé pourquoi l'ensemble des contribuables aurait à couvrir le déficit actuariel du fonds de retraite des cadres du gouvernement. 

Le régime comporte une disposition qui le condamne aux déficits : les fonctionnaires qui profitaient d'une promotion et devenaient cadres en cours de carrière bénéficiaient d'une retraite bonifiée qui valait plus que leur contribution. Ce régime pour les cadres couvre les directeurs généraux, les directeurs et les chefs d'équipe. Pour les cadres supérieurs, les sous-ministres par exemple, on a prévu un régime distinct qui, financé directement par le fonds consolidé, ne fait pas de déficits actuariels.