Les membres de Québec solidaire (QS), réunis en assemblée lors du congrès du parti tenu ce week-end à Longueuil, ont voté samedi matin en faveur d'une fusion avec Option nationale (ON).

Plus de 80 % des votants ont approuvé l'entente de principe, à la suite d'un débat et d'un vote à huis clos. Une majorité simple était conditionnelle à l'adoption de cette proposition. « C'est une grande journée pour Québec solidaire, une étape importante pour le mouvement souverainiste-progressiste qui s'agrandit et s'enracine un peu plus», a déclaré la porte-parole de QS et députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Manon Massé, après le vote.

L'entente sur la fusion prévoit une modification des statuts de Québec solidaire. Il était notamment proposé que l'assemblée constituante «fermée» chargée de rédiger la constitution du Québec ait le mandat clair de réaliser l'indépendance.

Dans un message à l'adresse des membres d'Option nationale, qui auront à leur tour à se prononcer sur la dissolution de leur formation politique au sein de QS dans une semaine, le deuxième porte-parole solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a prié les Onistes de saisir la main qui leur est tendue, alors que «la porte leur est maintenant grande ouverte». «Il s'agit là d'une réelle alternative politique crédible et rassembleuse, avec une stratégie et des objectifs communs», a affirmé le député de Gouin.

Le projet de fusion avec le parti de Sol Zanetti a été conclu en octobre dernier, et Gabriel Nadeau-Dubois en a été un des artisans. «Je souhaitais dès mon arrivée voir cette union réalisée», a-t-il commenté, réjoui, ajoutant qu'il ne s'agit pas là d'une «question de mathématique électorale», mais plutôt d'une «dynamique de rassemblement et de mouvement». « Ça fait longtemps que ce n'est pas arrivé au sein du mouvement indépendantiste-progressiste.»

L'indépendantisme de QS réaffirmé, selon Zanetti

« Pour nous, la chose importante est de pouvoir rassembler toutes les personnes en faveur de l'indépendance du Québec, a commenté le chef d'ON Sol Zanetti, suite au vote de ce matin. Puis nous voulons en convaincre encore plus et être élus avec une vraie approche indépendantiste et progressiste.»

M. Zanetti estime par ailleurs que le vote solidaire aura peut-être une incidence sur la décision des membres d'Option nationale. « Dans le mouvement indépendantiste en général, une minorité de gens doutaient de la ferveur indépendantiste de QS et aujourd'hui ils ont fait la preuve qu'ils sont complètement assumés sur la question.» Manon Massé affirmait d'ailleurs en point de presse que le mandat indépendantiste a toujours été au coeur des principes de QS.

Option nationale tiendra un vote qui scellera l'issue de cette entente de fusion lors d'un congrès extraordinaire, le 10 décembre prochain à Sainte-Foy. Le débat s'annonce plus divisé et «le résultat est difficile à prévoir», a admis M. Zanetti. « Les réticences sont fortes, mais il y a aussi beaucoup d'enthousiasme.» 

La probabilité d'une fusion se dessine de plus en plus précisément, six mois environ après qu'une convergence avec le Parti québécois (PQ) ait été rejetée avec ferveur chez les délégués solidaires. «Il y a eu des erreurs de commises lors des discussions avec le PQ, a reconnu Gabriel Nadeau-Dubois. Le dialogue a été entrepris différemment cette fois, avec Option nationale, et aujourd'hui en congrès, nos membres disent qu'ils sont près à ce compromis s'il permet un rassemblement des forces progressistes-indépendantistes.»

D'autre part, Manon Massé a réaffirmé qu'il n'était présentement plus question d'un ralliement avec le Parti québécois. Rappelons que le PQ a promis de ne pas tenir de référendum dans un premier mandat.

La CAQ monte dans les sondages, le PQ continue de chuter

Un sondage Léger-Le Devoir a dévoilé samedi matin que les intentions de vote en faveur de la Coalition avenir Québec (CAQ) continuent de grimper, alors que la marge du PQ persiste à s'effriter depuis l'arrivée de Jean-François Lisée à la tête du parti.

La CAQ trône en tête avec 36% d'appuis, le parti libéral suit de près avec 32%, tandis que les Péquistes chutent à 19%. Un peu plus de 10% des intentions de vote sont attribués à Québec Solidaire (quatre points de moins qu'en juin dernier), qui met toutefois un point d'honneur à considérer les sondages avec prudence. «Ce qu'on propose ne recueille pas le même appui que la grande question du vote le démontre», a défendu Amir Khadir, dénonçant «l'aberration de la manière dont les gens logent leur choix». Une aberration causée par un mode de scrutin qui force les élections «stratégiques» et «induis les gens». «C'est terrible, en démocratie, que les citoyens doivent voter pour ne pas «perdre leurs votes»», a quant à elle commenté Manon Massé.

«Beaucoup de gens sont désespérés de voir un changement s'opérer et ce désespoir nourrit la CAQ, appui Gabriel Nadeau-Dubois. Notre travail est de tenter de les convaincre que le changement est un slogan pour la CAQ et rien de plus.» Selon le sondage Léger-Le Devoir publié ce matin, 30% des répondants estiment que la formation caquiste représente le changement. Pas moins de 18% penchent plutôt vers Québec Solidaire dans cette joute. Les péquistes arrivent quatrièmes (9%), un point derrière le PLQ.

En cette deuxième journée de congrès de Québec Solidaire, qui a réuni 550 délégués et 200 observateurs selon les informations du parti, les membres statueront sur la plateforme électorale en vue des élections 2018. Les discussions se poursuivront jusqu'à dimanche après-midi.