Malmené depuis des mois sur les questions d'éthiques et des problèmes survenus à l'époque de Jean Charest, Philippe Couillard s'est porté pour la première fois vigoureusement à la défense de son prédécesseur à l'Assemblée nationale.

Au chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, qui associait Jean Charest à la vente d'édifices publics - trois transactions critiquées vertement par la Vérificatrice générale Guylaine Leclerc, dans un rapport déposé jeudi matin - M. Couillard a riposté. 

Pour M. Legault, le premier ministre devrait-il « au moins avoir la décence de critiquer la décision de son invité de marque de la fin de semaine pour son congrès ? Je lui rappelle son nom : Jean Charest ». M. Charest prendra la parole samedi devant les 1400 congressistes à l'occasion du 150e anniversaire du Parti libéral du Québec (PLQ).

Le premier ministre Charest « a obtenu, effectivement, un titre que je doute que le chef de deuxième opposition obtienne un jour », a répondu M. Couillard.

« C'est également le premier ministre qui a littéralement géré une crise financière d'ampleur internationale de façon remarquable, qui a lancé le Plan Nord, le libre-échange avec l'Europe, l'équité salariale, la représentation paritaire des hommes et des femmes dans les conseils d'administration et au Conseil des ministres », a-t-il rappelé.

« Je pense que, quand le chef de la deuxième opposition aura fait la moitié de ça, si un jour ça se produit, on pourra en reparler », a-t-il conclu.

À sa sortie du Salon bleu, le premier ministre a brièvement affirmé aux journalistes qui lui demandaient pourquoi avoir défendu le bilan Charest : « Je ne l'ai pas défendu, j'ai cité des faits. » 

Jean Charest a été premier ministre du Québec entre 2003 et 2012. Il est actuellement ciblé par une enquête de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) qui s'attarde au financement du PLQ à cette époque. Aucune accusation n'a été portée contre lui.

Le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, a aussi vivement réagi jeudi matin sur le ton de l'ironie, en félicitant le PLQ d'accepter de « mettre en vitrine son problème de fond », c'est-à-dire, selon lui, son problème d'éthique et d'intégrité.

M. Lisée s'est demandé, jeudi, pourquoi les anciens ministres libéraux accusés de fraude et d'abus de confiance, en l'occurrence Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté, n'ont pas, eux, été invités avec Jean Charest.

« Ils devraient tous être là, a-t-il maintenu. Si on souligne les 150 ans du Parti libéral, eh bien, soulignons-les avec les points de beauté et les verrues. »

Selon M. Lisée, « il n'y a jamais eu de vraie rupture entre l'ancien régime de M. Charest et le nouveau régime ». Une dizaine de ministres, dont l'actuel premier ministre Philippe Couillard, ont fait partie du cabinet Charest.

« Le Parti libéral est prisonnier de son passé récent », mais au moins, a-t-il dit, « ils ont la franchise de célébrer cette continuité entre l'ère Charest et l'ère Couillard ».

M. Lisée a conclu en rappelant que René Lévesque avait choisi de quitter le PLQ il y a 50 ans en raison du manque d'intégrité au parti.

- Avec La Presse Canadienne