Après avoir essuyé une rebuffade de la première ministre ontarienne vendredi matin, François Legault en a reçu une deuxième en après-midi.

Kathleen Wynne a de nouveau démenti être intéressée par l'idée du chef de la Coalition avenir Québec de lancer une «Baie James du 21e siècle» pour exporter plus d'électricité vers l'Ontario. Elle a contredit M. Legault qui persistait à dire que la première ministre est «ouverte» à son projet.

Questionnée en conférence de presse aux côtés de Philippe Couillard, Mme Wynne a pris la peine de s'exprimer en anglais pour bien préciser sa pensée.

«J'avais deux assistants avec moi, deux membres de mon personnel, a-t-elle dit. Bien sûr, je suis ouverte à des conversations. Je n'ai pris aucun engagement. En fait, j'ai même mis en question l'efficacité et (souligné) les problèmes environnementaux qui découleraient du plan.»

M. Legault a rencontré Mme Wynne jeudi dans le cadre de sa visite officielle au Québec. Il a ensuite annoncé sur son compte Twitter qu'elle est «ouverte» à sa proposition de relancer les chantiers hydroélectriques.

Cette affirmation a été démentie par Mme Wynne une première fois vendredi matin.

«Ce n'est pas une bonne idée (de dire) quelque chose comme ça en public», a-t-elle dit lors de sa première sortie.

Sauf que M. Legault a persisté et signé. Il a émis un communiqué avec son député Simon Jolin-Barrette, qui participait à la rencontre, pour maintenir sa version des faits.

«Non seulement messieurs Legault et Jolin-Barrette maintiennent que Mme Wynne s'est montrée ouverte à ce plan, mais ils ajoutent qu'elle s'était même dite d'accord pour poursuivre les échanges sur le projet», ont-ils indiqué dans la déclaration écrite.

Le bureau de M. Legault a refusé de fournir davantage de précisions sur la conversation avec Mme Wynne.

Les adversaires politiques de M. Legault se sont régalés du faux pas du chef caquiste.

Le premier ministre Philippe Couillard a souligné que l'Ontario n'a pas besoin d'importer davantage d'électricité, puisqu'elle est déjà en surplus de production. Selon lui, l'épisode met aussi en cause le jugement de M. Legault.

«Ici, on est dans une situation où quelqu'un qui aspire à être chef de gouvernement a une conversation privée avec un autre chef de gouvernement, dont il dénature profondément le contenu, a dit le premier ministre. Moi, je trouve ça inquiétant. À la population de juger.»

Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, s'est lui aussi régalé de la controverse.

«Legault-Lagaffe frappe encore! Heureusement qu'il n'est pas Premier ministre!» a-t-il ironisé.