Les conséquences économiques d'une grève dans la construction sont trop importantes pour laisser le conflit de travail s'éterniser, a prévenu Philippe Couillard, mercredi. Il a confirmé son intention d'adopter une loi spéciale si des progrès ne sont pas réalisés « rapidement » à la table de négociations et la ministre du Travail, Dominique Vien, est prête à la déposer au besoin.

« Il faut absolument que j'envoie ce signal-là très tôt parce que c'est l'économie du Québec qui est en jeu et c'est l'intérêt supérieur du Québec qui est en jeu », a dit M. Couillard en marge de sa mission économique en Israël.

Il n'a pas l'intention de convoquer l'Assemblée nationale dès cette semaine pour légiférer, puisque les députés sont actuellement en relâche parlementaire. Mais il ne laissera pas le conflit s'étirer.

« Je pense qu'il y a encore du temps pour négocier, a-t-il dit. J'entends que les dernières heures quand même ont apporté du progrès. On va suivre ça de très près. »

Le premier ministre soutient que les parties patronale et syndicale ont tout intérêt à en arriver à une entente négociée.

« C'est pas mal mieux pour les patrons et les syndicats de s'entendre que d'avoir une loi, a-t-il prévenu. Aucun ne peut parier sur le fait qu'ils peuvent ne pas faire de concession, ne pas négocier et attendre la loi. Ce n'est pas un bon calcul. »

La ministre Vien prête à déposer une loi spéciale

La ministre du Travail, Dominique Vien, a d'ailleurs convoqué une rencontre d'urgence entre les parties, à Montréal, à la suite du déclenchement de la grève générale illimitée. 

Encore une fois, la ministre du Travail a prévenu qu'elle était prête à déposer une loi spéciale pour forcer le retour au travail, puisque la grève des quelque 170 000 ouvriers entraîne des pertes économiques de 45 millions par jour, selon les chiffres qu'elle a cités.

Au cours d'un point de presse mercredi matin à Québec, elle a vivement déploré le déclenchement de la grève et souhaité que les parties poursuivent plutôt la négociation et concluent une entente. Le ministère a déjà mis ses effectifs à la disposition des parties, en médiation et en conciliation, pour favoriser les échanges.

Elle a indiqué que c'est le premier ministre Philippe Couillard, en voyage à l'étranger, qui décidera ultimement du moment du dépôt d'une loi spéciale. Mais la ministre a prévenu qu'elle se tenait déjà prête à déposer une telle loi, accroissant ainsi la pression sur les parties pour produire une négociation fructueuse.

Les principaux points en litige varient selon le sous-secteur de l'industrie : les salaires, les horaires, les heures supplémentaires, la mobilité de la main-d'oeuvre, la conciliation travail-famille.

Coderre demande un dénouement rapide du conflit de la construction

Le maire de Montréal espère voir une fin rapide à la grève déclenchée cette nuit dans le secteur de la construction, sans quoi il souhaite que le gouvernement Couillard impose un règlement.

« La Ville de Montréal souhaite un dénouement rapide, a dit ce matin Denis Coderre. On souhaite que le gouvernement ne soit pas trop patient. »

Le maire estime que l'impact économique est trop grand pour laisser ce conflit s'éterniser. « Tout le monde a intérêt à ce que ça se règle rapidement. »

Patience avec les ingénieurs

Les 170 000 employés du secteur de la construction ne sont pas les seuls à avoir déclenché une grève générale illimitée, mercredi. Les 1400 ingénieurs du gouvernement ont aussi débrayé.

Dans le cas de ces professionnels, M. Couillard se montrera plus patient. Il n'a pas l'intention de forcer leur retour au travail par une loi spéciale.

« Je n'ai pas ça dans mes cartons actuellement, on fait confiance à la négociation », a-t-il dit.

Si M. Couillard est plus pressé de mettre fin à la grève dans la construction, c'est parce que ses conséquences sur l'économie sont beaucoup plus importantes. 

« L'impact économique d'un arrêt de travail en construction va être quasi-immédiat tandis que dans le cas des ingénieurs, je pense qu'on a du temps devant nous », a résumé le premier ministre.

- Avec Pierre-André Normandin, La Presse et Lia Lévesque, La Presse Canadienne