Député libéral depuis 2003, Sam Hamad a annoncé ce matin qu'il démissionne de son siège de Louis-Hébert. Ingénieur de formation, il est en discussion avec une firme pour un retour dans le monde des affaires, une décision «assumée et choisie», a-t-il soutenu.

Dans un point de presse émotif, dans sa circonscription, M. Hamad a assuré que les controverses récentes autour d'enquêtes policières n'avaient rien à voir dans sa décision. «Après 14 ans, j'ai fait le tour», a-t-il martelé devant les journalistes.

Il a pris un moment avant de répondre quand on lui a demandé s'il quittait parce qu'il n'était plus au conseil des ministres. Déçu? «On est des êtres humains, on n'a pas de carapace, on est fiers», a-t-il dit.

Pour lui, il «faut regarder le bilan sur 14 ans». «Je suis arrivé de Syrie avec deux valises et n'avais pas de manteau d'hiver. C'est la Saint-Vincent de Paul qui m'en a donné un, avec des bottes», a-t-il rappelé.

«Ça fait plusieurs mois que je réfléchis à ma démission», a-t-il dit, en revenant sur sa longue carrière en politique. À la fin de son allocution, en s'adressant à sa famille, il a dit: «Je rentre à la maison».

Couillard le remercie

Philippe Couillard et Sam Hamad ont fait leurs premiers pas à l'Assemblée en même temps. Les deux avaient été élus pour la première fois aux élections de 2003 dans l'équipe de Jean Charest.

Le premier ministre a remercié M. Hamad pour sa contribution au service public.

« Quatorze ans plus tard, Sam Hamad peut être très fier de ce qu'il a réalisé pour le Québec. Il a dirigé sept ministères, à travers les ministères 35 sociétés d'État, il a piloté un grand nombre de projets de loi, de réformes. Il a eu un impact. Quand on vient en politique, ce qu'on veut, c'est avoir un impact. »

La décision de M. Hamad n'a rien à voir avec les allégations selon lesquelles deux élus libéraux, dont un est toujours au caucus, auraient fait l'objet d'une enquête criminelle qui est aujourd'hui bloquée. M. Couillard a indiqué que son ex-ministre avait déjà entamé une réflexion sur son avenir.

Rapidement le maire de Québec, Régis Labeaume, lui a rendu un hommage bien senti. Sam Hamad est derrière bon nombre de programmes d'aide pour le développement économique de la ville et il a joué un rôle déterminant dans le projet de l'amphithéâtre. «Quand Sam mordait dans un dossier, il ne le lâchait pas», a souligné Labeaume, rappelant que ce dernier «connaissait tous les trucs» pour avoir gain de cause auprès des Finances et du Trésor.

M. Hamad ne compte pas oeuvrer dans une firme de génie-conseil bien qu'il soit ingénieur. En quittant avant la fin de son mandat, il abandonne son indemnité de départ. «Je fais une croix sur la prime, mais on ne fait pas de la politique pour une question d'argent», souligne-t-il.

Sur l'atmosphère des derniers mois à l'Assemblée nationale, il observe: «Aucun politicien n'aime le tribunal populaire. Je viens d'un pays "magané" et on est ici, au Québec et au Canada, dans le meilleur pays au monde, basé sur la séparation des pouvoirs».

Pour lui, les rapports de la vérificatrice générale et du Commissaire à l'éthique et du lobbyisme n'ont pas trouvé de geste répréhensible. «Tout est clean. J'ai mon honneur», admettant que son défaut était de «foncer quand je devais aider les citoyens».

La voix brisée par l'émotion, il a souligné que le travail de député permettait de «voir des familles de réfugiés trouver un logis, une bénéficiaire de l'aide sociale trouver un emploi». Le taux de chômage était deux fois plus élevé qu'aujourd'hui à Québec lors de son entrée en politique.

Un coup dur pour le gouvernement Couillard

Plus tôt, il avait annoncé sa décision de démissionner au caucus des députés libéraux. Cette nouvelle reste un coup dur pour le gouvernement Couillard: une partielle dans la région de Québec n'augure rien de bon puisque la Coalition avenir Québec est en avance dans la région de la Capitale-Nationale.

L'an dernier, le ministre Hamad avait dû renoncer à son poste au Conseil du trésor en raison de son rôle dans l'aide accordée à Premier Tech, du bas du fleuve, après les interventions de son mentor politique Marc Yvan Côté. Le Commissaire à l'éthique avait été critique quant au rôle de M. Hamad qui avait été suspendu de son poste ministériel.

Avant le trésor, M. Hamad avait été ministre du Travail, de l'Emploi, des Transports, tout en étant, durant toute sa carrière, ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale.

Onde de choc

La démission du député de Louis-Hébert a provoqué une onde de choc dans les rangs libéraux.

François Blais, ministre de l'Emploi lui a rendu un hommage bien senti, même s'il a souligné que leurs personnalités étaient bien différentes. Tous les députés se sont dits peinés par son départ.

«Je pense que c'est triste de voir quitter M. Hamad, a déclaré le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau. C'est quelqu'un qui a dévoué une grande partie de sa vie au service public. Je pense qu'on doit le remercier.»

«C'est un homme extraordinaire, a renchéri la ministre de l'Immigration, Kathleen Weil. En politique, moi je suis arrivée en 2008, et déjà il avait beaucoup de compétence et d'expérience, un gars d'action, un gars d'équipe. J'étais plein d'admiration pour Sam.»

- Avec la collaboration de Martin Croteau

Photo Yan Doublet, Le Soleil

Le maire Labeaume a réagi en conférence de presse ce matin à la démission de Sam Hamad.