Le gouvernement Couillard donnera dès cette année un coup d'accélérateur pour favoriser la réussite scolaire et donner de l'oxygène aux universités. Québec injectera plus de 600 millions supplémentaires en éducation pour 2017-2018, une annonce du budget de demain, a appris La Presse.

Les budgets combinés de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, d'un peu plus de 17 milliards l'année dernière, passeront à 19 milliards en 2019-2020. Sur trois ans, la croissance des dépenses à ce poste sera de 3,5%, l'engagement pris par les libéraux en campagne électorale. Mais pour 2017-2018, le coup d'accélérateur fera grimper de plus de 4% les budgets de Sébastien Proulx (Éducation) et d'Hélène David (Enseignement supérieur).

Ces budgets n'iront pas aux immobilisations, à la construction ou à la rénovation des écoles. L'essentiel de ces fonds permettra l'embauche de professeurs, de professionnels ou de techniciens. La marge de manoeuvre permettra d'embaucher, dès septembre prochain, plus de 1500 personnes dans le réseau. L'automne dernier, à la mise à jour économique, le gouvernement avait déjà annoncé 110 millions de plus en éducation.

Dans une entrevue à La Presse, en février, le ministre des Finances, Carlos Leitão, avait fait savoir que son budget serait l'occasion d'un coup de barre en faveur de l'éducation et de la formation de la main-d'oeuvre. C'est aussi le message passé dans les derniers jours, en privé, par le premier ministre Couillard aux organisations patronales et aux chambres de commerce. Comme à Ottawa, une attention spéciale sera aussi prévue pour favoriser l'innovation et conférer à Montréal un rôle de premier plan dans le développement de «l'intelligence artificielle».

En Santé, la hausse du budget sera de 4%, a déjà indiqué le premier ministre Couillard au moment de l'annonce du niveau des transferts par le gouvernement fédéral.

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Aide aux journaux

Cédant à une demande pressante des médias qui n'ont pas pris encore le virage numérique, le gouvernement accordera une subvention pour favoriser la diffusion numérisée des contenus. Pour les journaux traditionnels, Québec réduira la taxe qu'il prélève pour le recyclage du papier, une façon de réduire leurs dépenses au prorata de leur activité. Ces deux mesures signifient une aide de 40 millions environ sur les cinq prochaines années. La demande avait été transmise au ministère de la Culture, mais c'est celui du Développement économique qui appliquera le volet informatique.

Médecins

Québec l'a maintes fois répété : le rattrapage salarial promis aux médecins en 2006 est désormais atteint. Leur part du budget de la Santé n'augmentera pas. Ces derniers devront renoncer à la « clause remorque » qui leur donnait automatiquement les mêmes augmentations que l'ensemble du secteur public, a confié une source au sein du gouvernement.

Taxe santé

Comme l'a révélé La Presse il y a deux semaines, Québec va tout de suite abolir la taxe santé prévue pour 2016, qui devait être la dernière année de contribution. La réduction de taxe de 450 millions environ aidera à réduire l'embarrassant surplus de 2016 - 2,3 milliards après neuf mois d'exercice -, une situation difficile à concilier avec les deux années de restrictions budgétaires imposées par le gouvernement Couillard.

Dépenses devancées

Pour réduire le surplus de l'année 2016-2017, le gouvernement a aussi décidé de devancer une longue liste de dépenses, d'achat d'équipements. On a même déjà inscrit le dépassement probable de la facture pour deux traversiers - 100 millions de plus que prévu. Total de ces dépenses anticipées : plus de 400 millions!

Transports collectifs

Québec va établir à 1,3 milliard sa contribution dans le Réseau électrique métropolitain, un projet de 6 milliards, selon les chiffres mis à jour par le président de la Caisse de dépôt, Michael Sabia, la semaine dernière. On s'attend à un engagement comparable d'Ottawa - même si le budget Morneau de la semaine dernière n'a pas fourni de chiffres. Deux autres projets de transports collectifs mis en priorité par Québec, le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal et le Service rapide par bus pour Québec, grimperont d'un échelon dans le Plan québécois des infrastructures, passant de projets à l'étude à projets «en réalisation». La décision donne le feu vert pour la préparation des plans et devis, sans qu'on ait à inscrire des coûts dans les équilibres du gouvernement.