Le premier ministre Philippe Couillard a admis mardi qu'il ne s'attend pas à ce que le reste du Canada accueille avec «enthousiasme» son désir de relancer des pourparlers constitutionnels.

Dans une entrevue à La Presse, le ministre responsable des Relations canadiennes, Jean-Marc Fournier, a déclaré vouloir profiter d'une demande de réforme des Premières Nations pour «ouvrir un dialogue» sur la question constitutionnelle.

En conférence de presse aux côtés du Prince Albert II de Monaco, mardi, M. Couillard a cependant tempéré les attentes.

«Je ne m'attends pas à ce que tout le monde se précipite avec enthousiasme autour de la table constitutionnelle, a déclaré le premier ministre. À chaque fois qu'on en parle, vous voyez toujours le même genre de commentaire : ce n'est pas urgent, ce n'est pas important, on veut parler d'autre chose.»

«Moi je crois que c'est important pour le Québec, je l'ai exprimé à plusieurs reprises, mais ce n'est pas une question existentielle pour le Québec», a-t-il ajouté.

M. Couillard a déjà exprimé son intérêt pour des pourparlers qui mèneraient le Québec à adhérer une fois pour toutes à la Constitution canadienne. Il a déjà évoqué la possibilité d'en arriver à une entente avant le 150e anniversaire de la Confédération en 2017.

Il a depuis renoncé à cet échéancier, ce qu'il a rappelé mardi.

«Ce n'est pas productif de fixer un échéancier, a dit M. Couillard. Cependant, on a indiqué clairement notre attitude et notre orientation sur cette question : on est favorables aux Premières Nations et à leurs demandes, en autant que les demandes du Québec soient aussi sur la table.»

À cet égard, Jean-Marc Fournier n'a fait que répéter la position du gouvernement, a résumé le premier ministre.

Du côté fédéral, le premier ministre Justin Trudeau s'est montré ouvert à «établir un renouveau» avec les communautés autochtones. Mais il a exclu de relancer des «chicanes constitutionnelles».

Le prince hué

Philippe Couillard a par ailleurs critiqué le comportement des Avocats et notaires de l'État québécois (LANEQ), qui sont en grève depuis la fin octobre. Des manifestants ont dressé un piquet de grève devant l'immeuble où se déroulait la conférence de presse.

Ils ont hué le Prince Albert II, qui venait signer une entente sur la biodiversité.

«Je trouve regrettable d'exposer un dignitaire étranger à ce genre de manifestation bruyante, a déclaré M. Couillard. Je ne crois pas que ça aide la cause de qui que ce soit.»

Il a invité les grévistes à retourner à la table de négociation. Mais il précise qu'il reste inflexible sur leur principale revendication, la mise en place d'un système d'arbitrage pour décider de leur salaire.

Il «n'est pas question» de confier à des tiers le pouvoir de décider de la rémunération des employés de l'État, a dit le premier ministre.