La police doit informer les cabinets politiques lorsqu'elle enquête sur des élus ou leurs employés, a affirmé mardi le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée.

S'il était premier ministre, M. Lisée instituerait une procédure par laquelle les cabinets politiques seraient prévenus d'enquêtes visant des députés ou leurs employés. Les corps policiers ne devraient transmettre l'information que si l'élu ou l'employé politique a déjà été informé qu'une enquête sur lui est en cours.

Aucun autre employeur - ministères, établissements publics, entreprises privées - ne pourrait obtenir une telle information. Il ne s'agit pas d'un privilège, argue M. Lisée, qui invoque la mission particulière des élus et de leur personnel.

« Nous gérons les 100 milliards de dollars que les contribuables nous donnent par année, nous prenons des décisions, y compris sur la loi et l'ordre et tout le reste, a fait valoir le chef péquiste. Nous devons être au-dessus de tout soupçon et il faut que le premier ministre ou le chef du parti ait la capacité - dans le respect de la présomption d'innocence - de dire pendant l'enquête, on va te déplacer, on va te suspendre de ta fonction. »

M. Lisée a révélé en fin de semaine qu'à trois reprises, d'anciens chefs du PQ avaient été avisés que des enquêtes visaient des membres de leur équipe. Il a refusé d'identifier ces personnes, mardi, précisant simplement qu'elles n'étaient plus à l'emploi du parti.

Il n'a pas non plus précisé si une directive obligeait les corps policiers à communiquer ces renseignements au gouvernement péquiste. Ces informations ont été obtenues auprès de « sources policières » à l'époque, a expliqué M. Lisée, sans donner plus de détails.

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a formellement démenti l'existence d'un système par lequel la police communique au gouvernement des renseignements sur les enquêtes. Le leader parlementaire des libéraux, Jean-Marc Fournier, a accusé le chef péquiste de vouloir brouiller la séparation entre les pouvoirs politique et policier.

« M. Lisée dit que ça prend des polices politiques, a dénoncé M. Fournier. Lorsque des policiers font des enquêtes, des fois il ne faut pas qu'ils dévoilent qu'il y a une enquête. »

Pour le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec, François Bonnardel, la proposition de M. Lisée « n'a aucun sens ». Il fait valoir que c'est aux personnes visées par une enquête d'en avertir leur employeur, et non à la police.

« Il y a une séparation des pouvoirs qui est extrêmement importante au Québec et ce n'est pas vrai que la police va commencer à appeler tous les employeurs du Québec pour dire "tel employé (est visé par une enquête)" », a dénoncé M. Bonnardel.

Le débat survient dans la foulée de l'expulsion de Gerry Sklavounos du caucus libéral. M. Lisée a dit douter que le premier ministre Philippe Couillard n'ait pas été informé du comportement de l'élu de Laurier-Dorion, puisque la police enquête depuis mars sur des allégations d'agressions sexuelles qu'il aurait commises à l'endroit d'Alice Paquet.