Visé par une allégation d'agression sexuelle, le député Gerry Sklavounos a été forcé de se retirer du caucus libéral jeudi. Il continuera de siéger à l'Assemblée nationale, mais à titre d'élu indépendant.

Le premier ministre Philippe Couillard l'a confirmé dans un communiqué en fin d'après-midi jeudi. Quelques heures plus tôt, il avait lancé des vérifications au sein de son caucus après qu'une jeune femme, Alice Paquet, eut dit avoir été agressée sexuellement par un député libéral à l'été 2014. Elle a fait cette sortie mercredi soir, lors d'un rassemblement à Québec pour soutenir les victimes des agressions qui seraient survenues à l'Université Laval le week-end dernier.

Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) fait enquête sur les allégations lancées par Alice Paquet. Son porte-parole, David Poitras, soutient qu'une plainte a été déposée en mars et que « le dossier est très actif ».

« Compte tenu des informations qui ont été publiées dans les médias le mettant en cause dans une plainte pour agression sexuelle, j'annonce que le député de Laurier-Dorion, à la demande de la présidente du caucus du gouvernement, Nicole Ménard, s'est retiré du caucus et siégera comme député indépendant à compter de ce jour. » - Philippe Couillard, dans un communiqué diffusé jeudi

Le retrait paraît définitif. Le premier ministre ne précise pas que M. Sklavounos quitte le caucus le temps que le SPVQ termine son enquête.

Pour Québec solidaire, Gerry Sklavounos ne peut conserver son siège de député. Il doit remettre sa démission. « Étant donné la gravité des allégations qui pèsent contre lui, il n'a plus la hauteur et la sérénité pour représenter dignement à l'Assemblée nationale » les citoyens de Laurier-Dorion, a soutenu Françoise David.

LE PREMIER MINISTRE « BOULEVERSÉ »

Le nom de Gerry Sklavounos circulait dès la matinée dans les corridors du parlement. Il s'était fait avare de commentaires lorsqu'on lui avait demandé de réagir aux allégations d'Alice Paquet en fin d'avant-midi, alors que l'identité de l'homme soupçonné d'avoir commis l'agression était toujours inconnue. « Je pense que le premier ministre vous a donné des réponses à ces questions ce matin. C'est pas mal ce que le premier ministre vous a dit : il y a un processus qui est en place », s'était-il contenté de dire aux journalistes.

Philippe Couillard avait demandé au whip en chef Stéphane Billette et à un membre de son bureau de s'entretenir avec chacun des députés pour faire la lumière sur les allégations. M. Sklavounos a quitté rapidement le parlement à la suite de sa rencontre.

Le premier ministre s'est dit « bouleversé » par les allégations. « J'ai une fille et une petite-fille ; quand je vois ça, ça me renverse », a-t-il dit en matinée, avant une réunion de son caucus. « Je ne prends pas cette déclaration à la légère. » Il a ajouté que « le sujet n'est pas banalisé, n'est pas tassé, est traité au plus haut niveau de priorité, avec tout le respect et le sérieux qu'il mérite ».

« Et le message aux femmes du Québec, c'est : oui, dénoncez ces situations, vous avez le droit de vous sentir bien partout, dans toutes les situations, à n'importe quelle heure du jour », a-t-il insisté.

La pression était forte sur le député mis en cause. Le leader parlementaire Jean-Marc Fournier avait demandé devant les caméras qu'il sorte de l'ombre rapidement.

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QUI EST GERRY SKLAVOUNOS ?

Avocat de formation, Gerry Sklavounos représente la circonscription de Laurier-Dorion, à Montréal, depuis 2007. L'homme de 41 ans est père de deux jeunes enfants. Il est né sur le Plateau Mont-Royal de parents d'origine grecque. Philippe Couillard l'avait nommé leader parlementaire adjoint de son gouvernement après son arrivée au pouvoir en 2014.