Sur fond de négociations ardues avec le gouvernement et de mésentente entre les représentants des chauffeurs de taxi autour de l'adoption du projet de loi 100, Guy Chevrette est rentré dans ses terres en pleine séance de négociation, hier.

« Là, je disparais de la map pour mieux aller reprendre vie ailleurs », a lancé le porte-parole du Comité de concertation de l'industrie du taxi en fin de journée, à quelques heures de l'adoption du projet de loi, dont un des articles ajoutés par le gouvernement mercredi soir a fait l'objet de discussions jusqu'à tard hier soir.

Âgé de 76 ans, l'ex-ministre péquiste des Transports participait activement aux négociations avec le gouvernement au nom de l'industrie du taxi. Il dit avoir senti des signaux lui indiquant qu'il devait faire une pause.

Il a quitté l'Assemblée nationale vers 17 h 30, alors que débutait un blitz de discussions impliquant le gouvernement, la députée péquiste Martine Ouellet et les représentants de l'industrie du taxi.

Les représentants des chauffeurs de taxi demandaient depuis le matin au ministre Daoust de retirer un article du projet de loi qui ouvrait la porte, selon eux, à la possibilité pour les chauffeurs UberX de travailler sans permis de classe 4C ou licence de taxi. Incapable d'obtenir cette assurance par écrit, le Comité de concertation a néanmoins donné officiellement son appui au projet de loi 100 en fin de journée.

M. Chevrette aurait préféré une position plus ferme de la part de l'industrie du taxi. Profondément déçu, il a préféré quitter l'Assemblée nationale. 

« C'EST UN COUP BAS »

La députée péquiste Martine Ouellet a par la suite longuement tenté de faire adopter des modifications qui auraient obligé les chauffeurs de la multinationale Uber à détenir un permis et une licence de taxi pour travailler, mais le ministre a refusé d'inscrire ses propositions dans la loi. « C'est un coup un peu bas, d'arriver avec un amendement qui donne la possibilité de créer deux classes de chauffeurs de taxi, à la dernière minute comme ça, à l'avant-veille de la fin d'une session parlementaire. En tout cas, si c'était planifié, chapeau ! », a tonné Mme Ouellet en commission parlementaire.

Le Regroupement des travailleurs autonomes Métallos (RTAM) s'est dit extrêmement déçu de l'adoption du projet de loi. « Le gouvernement est arrivé mercredi à 17 h 30 avec un amendement qui donne toute la latitude au ministre des Transports pour créer deux classes de permis, alors qu'il nous avait pourtant donné l'assurance que son projet de loi ne créerait pas deux classes de travailleurs. Ça nous jette à terre. C'est un manque de respect pour les 22 000 travailleurs de l'industrie du taxi », a tonné le porte-parole Benoît Jugand.

L'adoption du projet de loi 100 permettra la création d'un projet pilote qui autorisera Uber à fonctionner au Québec. « On va devoir être vigilants. Le gouvernement n'a même pas voulu prendre l'engagement par écrit qu'il obligerait Uber à payer ses taxes impayées avant de lancer ce projet pilote », a ajouté M. Jugand.

L'industrie du taxi avait promis, en début de semaine, de perturber les activités du Grand Prix ce week-end si le projet de loi n'était pas adopté. Le RTAM et le Comité de concertation de l'industrie du taxi écartent maintenant cette possibilité.