La Coalition avenir Québec (CAQ) a joint sa voix aux partis réclamant une révision du mode de scrutin pour ouvrir la porte à la proportionnelle, et a demandé la création d'un comité technique non partisan pour se pencher sur la question.

Le porte-parole de la CAQ en matière de réforme des institutions démocratiques, Benoit Charette, a déclaré lundi matin en conférence de presse que l'actuel mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour alimentait le cynisme de la population, qui finit par croire que son vote n'a pas d'importance.

«On l'entend tous (dans la population): «à quoi sert mon vote, mon vote ne compte pas'», a-t-il rapporté.

Citant plusieurs sondages, M. Charette a voulu démontrer que le contexte qui se dessine est favorable à la question et les Québécois veulent une réforme du mode d'élection. Il a aussi rappelé au passage que Justin Trudeau, qui dirige désormais un gouvernement libéral majoritaire au fédéral, avait pris l'engagement que les élections de 2015 seraient les dernières utilisant le mode de scrutin actuel.

Le week-end dernier, en conseil national péquiste, le chef du PQ, Pierre Karl Péladeau, a ouvert la porte à un changement du mode de scrutin au Québec, faisant écho à une demande formulée par Québec solidaire en décembre dernier. M. Charette s'est dit «agréablement surpris» de voir le Parti québécois se positionner sur la réforme des institutions démocratiques, quoi qu'il accuse les péquistes d'avoir des intérêts électoraux.

«Le Parti québécois semble s'intéresser à la question notamment pour se rapprocher de Québec solidaire et d'Option nationale. Mais à la base, on doit adhérer à un changement de mode de scrutin pour réellement aller chercher une démocratie plus grande. Pour ce qui est de la Coalition (avenir Québec), il n'y a pas de convergence par rapport au mouvement souverainiste», a-t-il dit.

Il a même repris l'analogie qu'a utilisée le député péquiste Sylvain Gaudreault dimanche, pour illustrer qu'il ne changerait jamais d'avis sur l'oléoduc Énergie Est.

«Moi je vous dirais qu'il va pleuvoir du Quik aux fraises avant qu'on arrive à une convergence avec le Parti québécois sur le projet souverainiste», a repris Benoit Charette.

Le comité technique qu'il propose mettrait l'accent sur des résultats à l'Assemblée nationale se traduisant par la parité des sexes et une plus grande représentativité régionale dans la députation.

Selon le porte-parole de la CAQ, dans les 60 dernières années, neuf élections sur 16 se sont soldées par une «fausse majorité». En 2007, par exemple, le PQ avait obtenu 46 % des votes, mais 100 % de la députation dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Des élections proportionnelles amèneraient «un plus grand respect de la volonté populaire». Le mode de scrutin actuel accorde, dans une circonscription, le siège au député qui reçoit le plus de votes. Le parti ayant le plus grand nombre de députés élus forme le gouvernement, de sorte que les petits partis n'ont souvent aucun représentant à l'assemblée.

Questionné à savoir s'il croyait que les libéraux de Philippe Couillard allaient réagir favorablement à cette demande, M. Charette a répondu qu'avec le récent remaniement ministériel, pour la première fois à l'Assemblée nationale, une ministre, Rita de Santis, s'occupait uniquement de la réforme des institutions démocratiques. «On  va souhaiter qu'elle puisse effectivement procéder à un examen sérieux de la question pour enfin se doter d'un mode de scrutin qui soit plus représentatif de la volonté populaire», a affirmé le représentant de la deuxième opposition.