D'abord, un transfert à Québec de points d'impôt et de budgets fédéraux. Puis, un rapatriement de pouvoirs en matière de culture, de langue et d'immigration. Et enfin, d'autres changements à la Constitution pour reconnaître le Québec comme nation, réformer - voire abolir - le Sénat. Cette stratégie nationaliste par étapes est «réaliste», a soutenu le chef caquiste François Legault, dimanche.

Le tout se terminerait par un référendum pour que la population avalise les réformes constitutionnelles. Au total, le plan implique qu'Ottawa cède à Québec au moins 15 milliards de dollars.

«Ce qu'on veut, c'est plus de pouvoirs et plus d'autonomie, mais dans le Canada», a lancé François Legault à ses militants réunis en conseil général à Laval.

«Les Québécois en ont assez du statu quo du Parti libéral. Et ils en ont assez d'entendre parler du référendum du PQ. Ce qu'ils veulent, c'est faire progresser le Québec dans le Canada. C'est ça, l'ambition de la CAQ!», a-t-il ajouté sous les applaudissements. Il s'est exprimé brièvement en anglais pour envoyer un message au reste du Canada: «Les Québécois ont exprimé leur désir de rester à l'intérieur de la fédération canadienne deux fois. Je veux dire à nos concitoyens et à nos partenaires à travers le Canada que notre projet n'est pas la séparation, mais la promotion d'une version nouvelle et moderne du nationalisme québécois à l'intérieur du Canada.»

La proposition

Le parti a distribué aux militants un document intitulé «Un nouveau projet pour les nationalistes du Québec» qui détaille sa proposition sur la question nationale. L'entourage du chef parle de la «Déclaration de Laval», cherchant à en faire un repère important dans l'histoire du parti, fondé il y a quatre ans. Les militants seront appelés à débattre de cette position et à l'adopter au congrès de l'automne 2016.

François Legault a résumé ses doléances envers Ottawa en disant qu'il «demande plus que Meech, mais moins que les 30 demandes du rapport Allaire». Jean Allaire, qui avait claqué la porte du Parti libéral du Québec pour fonder l'Action démocratique du Québec avec Mario Dumont, était d'ailleurs présent au conseil général de la Coalition avenir Québec ce week-end.

Ce n'est pas la première fois qu'une troisième voie cherche à percer au Québec et que des réformes constitutionnelles sont tentées, mais une stratégie par étapes, «ça n'a jamais été essayé», a soutenu François Legault.

Ententes administratives

Dans les premières étapes, François Legault propose de réclamer au fédéral des ententes administratives sur une série de sujets. Il est possible selon lui d'en conclure, puisque cela a déjà été fait dans le passé - en matière d'immigration, par exemple. Mais dans les dernières étapes impliquant des réformes constitutionnelles, «ce sera un peu plus difficile» de convaincre Ottawa et les autres provinces, a-t-il convenu.

Pour y arriver, sa «principale monnaie d'échange» serait un plan pour redresser l'économie du Québec et ainsi cesser de recevoir la péréquation fédérale, plus de 9 milliards par année. Ce serait sa façon de bâtir un rapport de force. «La souveraineté et le couteau sur la gorge, ça ne fonctionne pas», a-t-il plaidé.

Dans son discours aux militants, il a affirmé que son projet est «possible si et seulement si les nationalistes se serrent les coudes». Une façon d'appeler les électeurs à l'appuyer.

Les premières étapes pourraient être réalisées à l'intérieur d'un mandat de gouvernement, mais François Legault n'exclut pas qu'il en faille deux pour mettre en oeuvre tout son plan. «À la fin de la démarche», et comme «ça fait partie de nos traditions», un référendum serait tenu sur les réformes constitutionnelles, a-t-il précisé.