Le gouvernement Couillard s'est dit favorable au prolongement de la mission militaire canadienne en Irak et à son expansion en Syrie, mardi. Mais il a pressé le gouvernement Harper de se doter d'une «stratégie claire» pour contrer la crise humanitaire qui sévit dans la région.

La ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, a affirmé que tout doit être mis en oeuvre pour faire cesser les massacres commis par le groupe armé État islamique (EI), qu'elle qualifie de «mouvement terroriste». 

«Malgré les avancées notables de la coalition dans sa lutte contre l'EI, la barbarie de l'État islamique se poursuit toujours et ne s'arrête pas aux frontières d'un État, a indiqué la ministre St-Pierre dans une déclaration écrite. Nous croyons donc pertinent que la mission militaire se poursuive.» 

Le gouvernement Harper a déposé mardi matin une motion visant à prolonger d'un an la participation du Canada à l'effort militaire contre l'EI. Ottawa souhaite élargir la mission afin de participer à des frappes aériennes contre des cibles de l'EI en Syrie. 

Les deux partis de l'opposition à la Chambre des communes ont refusé d'appuyer le prolongement de la mission. À leurs yeux, l'effort canadien aiderait le maintien au pouvoir de Bashar al-Assad en Syrie, un pays déchiré par une sanglante guerre civile.

À Québec, le gouvernement Couillard a fait écho à cette préoccupation. 

«La mission canadienne doit s'accompagner d'une stratégie claire pour mettre fin à la crise humanitaire et promouvoir le respect des droits universels par tous les dirigeants, a affirmé Mme St-Pierre. Cette mission doit servir les droits humains contre les dictateurs, pas les dictateurs contre les droits humains.» 

Le prolongement de la mission militaire du Canada en Irak a eu des échos à l'Assemblée nationale, mardi. Le chef par intérim du Parti québécois, Stéphane Bédard, a pressé Stephen Harper de faire preuve de «transparence» au sujet de l'effort militaire contre l'EI.

«La transparence est mère de tout, a-t-il dit. Les Québécois devraient être au courant des orientations du gouvernement fédéral.»

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, s'est montré favorable au prolongement de la mission. 

«Si je comprends bien, M. Harper demande de prolonger la même mission, c'est-à-dire pas de troupes au sol qui mènent des combats, et de l'étendre en Syrie, a-t-il dit. Si c'est cela, je suis d'accord avec cette proposition.» 

La porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, est pour sa part opposée à l'initiative du gouvernement conservateur. Elle presse le premier ministre Philippe Couillard d'interpeller son vis-à-vis fédéral sur la question.

«Je voudrais que M. Couillard pose de vraies questions à M. Harper, a-t-elle dit. Je voudrais qu'on sache clairement qu'est-ce qu'on fait là, pourquoi on est là, combien de temps on est là, avec combien de gens on est là, est-ce qu'on est au combat, est-ce qu'on n'y est pas, et quels sont nos objectifs. Puis je voudrais qu'il y ait un véritable débat large là-dessus.» 

Lui-même père d'un militaire, Philippe Couillard s'était montré favorable à l'effort militaire canadien en Irak, l'automne dernier. Il avait affirmé qu'à ses yeux, les Québécois seraient naïfs de sous-estimer la «menace importante» que posent des groupes comme l'EI.