Si rien n'est fait pour l'arrêter, le groupe armé État islamique (EI) continuera d'étendre ses tentacules et à multiplier les actes de barbarie, a soutenu ce matin le premier ministre Stephen Harper.

M. Harper a ainsi confirmé que son intention de prolonger d'un an la mission militaire en Irak et autoriser les Forces armées canadiennes à participer à des frappes aériennes contre des cibles de l'EI en Syrie.

Une motion en ce sens a été déposée ce matin à la Chambre des communes par le ministre des Affaires étrangères, Rob Nicholson.

Mais il devra se passer de l'appui des partis de l'opposition aux Communes, le NPD et le Parti libéral, alors que le compte à rebours électoral est bien engagé.

Devant les députés, le premier ministre a fait valoir que la portée de la mission doit être élargie pour inclure des frappes en Syrie, même sans le consentement du régime sanglant de Bachar al-Assad, étant donné que les membres du groupe armé EI franchissent librement la frontière entre la Syrie et l'Irak et qu'une part importante de leurs armements se trouve en Syrie.

« Le gouvernement sait que le pouvoir même de l'État islamique, c'est-à-dire la capitale du soi-disant califat, se trouve en Syrie.  Les combattants de l'État islamique et une grande partie de son équipement lourd passent librement la frontière irakienne jusqu'en Syrie en partie pour s'assurer une meilleure protection contre nos frappes aériennes.  Nous croyons que le soi-disant État islamique ne devrait plus pouvoir trouver refuge en Syrie », a affirmé le premier ministre.

Toutefois, M. Harper a de nouveau écarté l'idée de déployer des troupes au sol, à l'exception des quelque 70 militaires qui se trouvent actuellement en Irak afin de conseiller les troupes irakiennes dans leur bataille contre les membres de l'EI.

Dans la motion qui avait été adoptée l'automne dernier, le premier ministre avait indiqué qu'il pourrait envisager des frappes en Syrie si le gouvernement au pouvoir à Damas en faisant la demande. De toute évidence, le Canada estime que cela n'est plus nécessaire.

« Le groupe armé État islamique a clairement fait savoir qu'il cible le Canada et les Canadiens », a déclaré M. Harper, ajoutant que si ce groupe n'est pas confronté par une force puissante, la menace qu'il représente pour le Canada et la communauté internationale ira en s'accroissant.

Le chef du NPD Thomas Mulcair a immédiatement a fait savoir qu'il s'oppose aux intentions du gouvernement Harper d'enfoncer le Canada davantage dans ce conflit. « Le gouvernement n'a pas dit la vérité au sujet de cette mission depuis le tout début. Les hommes et les femmes qui mettent leur vie en danger méritent mieux. Les Canadiens méritent mieux », a déclaré M. Mulcair.

Il a dit juger inconcevable que le gouvernement Harper puisse indirectement permettre au régime sanguinaire de Bachar al-Assad de se maintenir au pouvoir en participant à des frappes aériennes en Syrie contre les cibles de l'EI.        

La semaine dernière, M. Mulcair a indiqué qu'il rapatrierait les soldats canadiens au pays si son parti est porté au pouvoir en octobre.

Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a aussi annoncé que son parti s'oppose à la décision du gouvernement Harper de prolonger cette mission et de l'élargir à la Syrie. « Nous ne pouvons pas apporter notre soutien à une mission qui pourrait très bien consolider le pouvoir d'al-Assad en Syrie », a affirmé M. Trudeau.

Le chef libéral a aussi accusé le gouvernement conservateur d'avoir manqué de transparence depuis le début de la mission des troupes canadiennes. « Ce gouvernement propose une mission vague et sans fin. Nous ne pouvons pas appuyer ce gouvernement », a-t-il dit. Il a soutenu que le Canada devrait mettre davantage l'accent sur l'aide humanitaire pour soulager la misère des centaines de milliers de réfugiés affectés par ce conflit.

À l'heure actuelle, le Canada compte six avions de chasse CF-18, deux appareils Aurora pour mener des missions de renseignement et un avion stratégique CC-150 Polaris pour ravitailler en carburant les avions de chasse en plein vol dans le cadre de la présente mission de combat qui consiste en des frappes aériennes en Irak. Quelque 600 membres des Forces canadiennes ont été affectés à cette mission et ont établi leur base au Kuwait.

En plus de participer aux frappes aériennes, le Canada a aussi déployé 69 militaires en Irak afin de conseiller les troupes irakiennes pour mieux contrer la menace que représente l'EI. Récemment, un soldat canadien, Andrew Doiron, a perdu la vie, victime d'un tir fratricide des forces kurdes.