Le moment où un gouvernement péquiste tiendrait un référendum a eu beau monopoliser les échanges entre les candidats à la direction du Parti québécois, dimanche, les militants péquistes ne veulent plus entendre parler de cette question, a affirmé le président du parti, Raymond Archambault.

Dans un discours pour clore le Conseil national du PQ, qui se tenait à Laval, M. Archambault a affirmé que les membres souhaitent mettre en veilleuse cet épineux débat.

«Vous n'avez pas l'intention, vous n'avez pas l'envie non plus d'entendre parler de référendum, mais vous avez envie de travailler à la préparation de notre projet de pays, a-t-il déclaré. Le référendum, la mécanique, ça viendra après.»

En point de presse, il a ajouté que le débat sur le référendum est «complémentaire» à l'exercice que souhaitent entreprendre les membres, à savoir de définir les contours d'un Québec indépendant.

«On ne peut pas commencer à parler de la date du référendum si on n'a pas fait notre travail, un travail fondamental, un travail de préparation», a-t-il expliqué.

La question référendaire s'était pourtant trouvée au coeur des échanges entre les candidats à la direction.

Grand favori dans la course, Pierre Karl Péladeau a donné un premier indice de sa pensée sur le sujet. Il n'a pas exclu de tenir un référendum dans un premier mandat péquiste. «Ce n'est pas exclu du tout, bien au contraire», a-t-il affirmé. S'il devient chef, M. Péladeau entend préciser ses intentions d'ici les élections de 2018. Pour l'heure, les militants péquistes n'ont pas d'appétit pour un débat sur le calendrier référendaire, a-t-il dit, ce que M. Archambault a répété presque mot pour mot quelques heures plus tard.

Bernard Drainville et Martine Ouellet ont tous deux pressé M. Péladeau de dévoiler son plan de match. Selon eux, le flou du PQ sur le référendum a largement contribué à sa défaite historique aux dernières élections.

«Ce qui nous a fait très mal aux dernières élections, la principale cause de notre défaite, c'est qu'on n'a pas été clairs sur la question du référendum. Je pense que la prochaine fois, il va falloir l'être.»

«L'analyse que je fais, c'est que les discours flous, ambigus, ça nous a menés au 7 avril, a renchéri Mme Ouellet, qui souhaite la tenue d'un référendum dès le premier mandat. On a tout avantage à s'assumer comme parti. On est un parti social-démocrate, on est un parti pour l'indépendance du Québec, et ça doit être clair dans la démarche.»

Motion sur l'article 1 retirée

Samedi, des militants au Conseil national ont proposé une résolution pour réitérer l'article 1 du programme péquiste, qui prévoit l'accession à l'indépendance «à la suite d'une consultation de la population par référendum tenu au moment jugé approprié par le gouvernement».

Cette résolution a été retirée, notamment pour ne pas lier les mains des candidats.

Alexandre Cloutier, qui propose qu'un gouvernement péquiste attende que 1 million de personnes signent un registre demandant un référendum avant d'en déclencher un, estime que le parti doit repenser son article fondateur.

«L'article premier du PQ doit être réécrit, il doit être débattu, on doit adopter une nouvelle démarche, on doit mettre le citoyen au coeur du processus. Ça doit devenir un mouvement populaire, pas juste une décision gouvernementale du déclenchement d'une élection.»

Si le PQ prend le pouvoir, Pierre Céré propose de négocier la souveraineté-association avec Ottawa. Si ces négociations échouent, il pourrait alors tenir un référendum sur l'indépendance.

«À moins que quelqu'un ait quelque chose à suggérer qui soit légitime et démocratique, on ne peut pas faire un pays, on ne peut pas faire un geste aussi important dans la vie d'un peuple sans avoir l'appui d'une majorité de la population.»

Péladeau et Québecor: le PQ ne fera rien

N'en déplaise à Martine Ouellet et à Pierre Céré, le Parti québécois n'interviendra pas pendant la course à la direction pour forcer Pierre Karl Péladeau à régler la question de ses avoirs.

Les deux adversaires du magnat de la presse avaient fait appel aux instances du parti pour qu'elles le forcent à régler ce dossier une fois pour toutes. Mais le président du PQ, Raymond Archambault, affirme qu'il n'est pas question de se mêler ainsi de la course.

«M. Péladeau respecte le règlement de l'Assemblée nationale, a dit M. Archambault. M. Péladeau respecte les statuts du parti. Il respecte également les règles de la course. Qu'est-ce que vous voulez de plus?»

Pour des échanges respectueux

Alors que des candidats disent subir des pressions pour ménager Pierre Karl Péladeau, le président du Parti québécois a demandé à ce que les échanges demeurent respectueux.

Pierre Céré a affirmé samedi que le magnat de la presse est perçu comme un «sauveur» au sein du parti et que des militants l'ont sommé de taire ses critiques à son égard. «Il y aura un après-élection et on aura besoin de tout le monde. Des candidats, de la candidate, de leurs équipes, de tous les militants. Alors, respectons-nous», a dit M. Archambault.

Le chef par intérim du PQ, Stéphane Bédard, a abondé dans le même sens et rappelé que les militants ont envoyé un message très clair aux candidats. «Le message qui est envoyé par les militants, c'est qu'on veut sortir de cet événement plus forts, plus unis. Et ça doit être compris par tout le monde.»