Le gouvernement Couillard annoncera sous peu une série de mesures de compression à l'aide sociale, des changements réglementaires visant avant tout à maintenir l'incitation au travail pour les personnes à faibles revenus, tout en comblant quelques trous dans le programme de dernier recours.

Les modifications devraient être confirmées avant la fin du mois par le ministre de l'Emploi, François Blais. Elles ne visent pas, insiste-t-on, à produire des économies pour Québec, mais davantage à assurer une plus grande équité entre les petits salariés et ceux qui bénéficient de l'aide publique. Quelques-unes de ces mesures avaient été évoquées par La Presse en octobre, après que le ministre Blais a testé les propositions de ses fonctionnaires auprès d'une vingtaine de députés libéraux.

Premier geste: Québec fera en sorte qu'un bénéficiaire de l'aide sociale ne puisse pas quitter le Québec plus de deux semaines consécutives. Actuellement, on ne demande au bénéficiaire qu'une journée par mois de présence au Québec, ce qui lui permet, en théorie, de partir deux mois consécutifs (en partant, par exemple, le 1er mars et en revenant le 30 avril). Finis les périples dans le Sud pour quelques milliers de bénéficiaires - des économies, marginales, de 2 millions sont attendues à la suite de cette décision.

Ces mesures «réglementaires» ne procurent qu'une petite partie des compressions attendues du ministère de l'Emploi - près de 200 millions. Le budget de l'aide sociale atteint 1,4 milliard par année. La mise à pied d'environ 500 des 1200 employés occasionnels du Ministère est toujours dans les cartons. Déjà, le Ministère a annoncé au réseau des Carrefours jeunesse emploi qu'ils allaient fermer leurs portes.

La valeur de la résidence

Autre mesure: depuis 2007, Québec ne tenait plus compte de la valeur de la résidence des bénéficiaires de l'aide sociale. En effet, la bulle immobilière avait, à l'époque, fait exploser la valeur des maisons et l'instauration de ce critère pour l'obtention de l'aide sociale aurait été inéquitable. Maintenant que le jeu est calmé, Québec tiendra de nouveau à intégrer une partie de la valeur de la résidence dans le calcul de la prestation d'aide sociale. Actuellement, on peut toucher cette aide de dernier recours tout en occupant une résidence de 500 000$. On fixera un seuil à partir duquel l'équité dont dispose le bénéficiaire sera calculée - la partie de l'hypothèque payée. Le seuil sera différent pour un bénéficiaire jugé «apte» au travail que pour ceux qui ont des entraves importantes au travail.

Une mesure plus payante: Québec vise à faire plus de 10 millions d'économies en resserrant les règles sur le partage du logement. Aujourd'hui, un bénéficiaire de l'aide sociale peut louer jusqu'à deux chambres dans son appartement sans qu'on en tienne compte dans le calcul de sa prestation. Ces aubergistes improvisés se feront rattraper plus rapidement.

Le gouvernement voudra aussi empêcher les bénéficiaires qui ont fraudé l'aide sociale de percevoir un revenu sans impact sur leurs prestations.