L'indépendance du Québec sera le thème principal de la campagne de Pierre Karl Péladeau, qui plonge finalement dans la course à la direction du Parti québécois. Le député de Saint-Jérôme en a fait l'annonce hier devant un parterre d'étudiants de l'Université de Montréal. Le candidat promet d'être un chef rassembleur et de faire connaître d'ici le prochain scrutin sa position sur la tenue d'un référendum.

Pierre Karl Péladeau a une manière bien singulière de faire les choses et l'annonce de sa candidature à la direction du Parti québécois n'a pas fait exception. Le candidat a fait part de ses aspirations politiques... en répondant à la question d'un étudiant à la fin d'une conférence qu'il donnait à l'Université de Montréal. Il s'est ensuite dirigé vers sa voiture en passant devant quelques manifestants hostiles à sa venue. Retour en cinq temps sur cette annonce qui, de l'aveu même du candidat, vise «un seul objectif»: réaliser la souveraineté du Québec.

Une conférence décousue

L'allocution devait à l'origine porter sur l'avenir de l'éducation et de l'innovation au Québec. Le député de Saint-Jérôme a plutôt abordé un nombre incalculable de sujets. Des enjeux politiques comme l'importance d'électrifier les transports au Québec et de négocier de meilleures redevances pour le projet d'Oléoduc Énergie Est de TransCanada s'entremêlaient à d'autres, plus personnels, par exemple l'influence qu'ont eue certains philosophes comme Emmanuel Kant dans sa vie. Devant une salle bondée d'étudiants, le député de Saint-Jérôme a prononcé - sans notes et en multipliant les plaisanteries - une allocution d'un peu plus de 45 minutes sans jamais aborder la question de son éventuelle entrée dans la course à la direction du Parti québécois.

Annonce de candidature inattendue

Pierre Karl Péladeau a finalement mis fin au suspense sur ses intentions lors de la période de questions réservée aux étudiants. «Je serai dans la course à la chefferie pour la nomination d'un nouveau chef à la direction du Parti québécois», a-t-il dit, en réponse à une question de Simon Telles, militant au PQ.

Joint par La Presse, celui qui est aussi étudiant en droit jure que sa question n'était pas téléguidée par l'entourage de M. Péladeau. «J'étais surpris de sa réponse, je pensais qu'il le ferait par lui-même pendant sa conférence. Comme il ne l'a pas fait, je lui ai posé la question», indique-t-il. En point de presse quelques minutes plus tard, Pierre Karl Péladeau a promis d'être «un chef rassembleur qui va réaliser la souveraineté».

Retour mouvementé

Quelques dizaines de manifestants attendaient Pierre Karl Péladeau à sa sortie de l'amphithéâtre. Son entourage lui a donc suggéré de passer par une autre porte pour se rendre à sa voiture afin d'éviter la confrontation. «Non, on va sortir par là», a-t-il rétorqué aux membres de son équipe, avant de se diriger seul vers la principale sortie. Un cortège policier l'a finalement accompagné à sa voiture, suivi de près par quelques manifestants. Les contestataires, hostiles à sa présence dans l'enceinte de l'université, scandaient des slogans anticapitalistes.

Officialiser ses intentions

Le candidat déclaré à la direction du PQ s'est rendu en après-midi à la permanence du parti souverainiste pour aller chercher son bulletin de mise en candidature. Lors d'une mêlée de presse, il a promis de faire connaître sa position sur la tenue d'un éventuel référendum... d'ici le début des prochaines élections provinciales.

 «Le référendum, c'est une modalité, la souveraineté, c'est l'essentiel», a-t-il indiqué. Il a toutefois assuré que l'indépendance serait le thème principal de sa campagne. «C'est mon unique objectif», a-t-il dit.

Pkp2015.quebec

L'équipe du candidat a aussi mis en ligne hier le site pkp2015.quebec afin d'amasser les 2000 signatures nécessaires pour plonger officiellement dans la course. Le suffixe «.quebec» peut être utilisé par les internautes depuis le 13 novembre dernier. Par le truchement de sa page Facebook, le candidat a invité les internautes à prendre part à sa campagne en se rendant sur son nouveau site web.

En vertu des règles de la campagne à la direction du PQ, il devra recueillir des signatures dans 50 circonscriptions d'ici la fin du mois de janvier 2015. Les candidats à la direction devront aussi remettre 20 000$ en dépôt auprès du parti.

Ils ont dit

«Il y a une soif d'information qu'on voit chez les militants, chez les journalistes et chez les citoyens sur ce que pense M. Péladeau d'un certain nombre d'enjeux importants. Il nous a parlé du privé dans la santé. Est-ce qu'il peut aller plus loin?»

- Jean-François Lisée, candidat à la direction du PQ 

«J'ai très hâte de débattre avec Pierre Karl, j'ai très hâte de débattre de sa vision du Québec, la place pour les familles, la place du privé en santé, la laïcité, le pipeline de TransCanada. Sur tous ces enjeux, j'ai hâte de débattre avec lui.»

- Bernard Drainville, candidat à la direction du PQ

«On ne s'invente pas social-démocrate et progressiste en quelques semaines. Le vrai véritable bilan qui parle pour M. Pierre Karl Péladeau, c'est son oeuvre: 14 lock-out en 14 ans.»

- Amir Khadir, député de Québec solidaire

«Je suis très étonné aujourd'hui que le futur chef potentiel du Parti québécois ne se présente pas au vote de la motion de censure présentée par son propre parti.»

- Gaétan Barrette, ministre de la Santé

- Propos recueillis par Martin Croteau