Philippe Couillard s'en remet au DPCP pour «prendre la meilleure décision» vis-à-vis du policier impliqué dans la mort d'un enfant à Longueuil en février dernier, mais refuse du même souffle écarter la possibilité que sa ministre de la Justice prenne le dossier en charge.

Le DPCP prendra sa décision lui-même parce que «la loi est ainsi faite», a indiqué le premier ministre. Mais «on n'exclut pas [la] possibilité» que la ministre Vallée utilise ses pouvoirs pour récupérer le dossier.

«Une pression médiatique accrue sur un enjeu ne justifie pas de dévier des principes fondamentaux de la justice», a-t-il ajouté, tout en soulignant «l'indépendance totale» du DPCP.

Contacts jusqu'en 2012

Philippe Couillard a aussi indiqué avoir eu des contacts avec l'ex-directeur général du PLQ Robert Parent jusqu'en 2012. C'est vers la filature de cet homme que se rendait le policier ayant heurté l'auto dans laquelle prenait place la jeune victime de Longueuil.

M. Parent a quitté ses fonctions de directeur général du Parti libéral du Québec (PLQ) en 2008. Philippe Couillard l'a revu en 2012.

«Je l'ai rencontré dans mon premier passage en politique, bien sûr, a-t-il relaté. Peut-être une ou deux fois en 2012, on a parlé de politique à mon retour sur la scène politique.»

Vallée plaide l'ignorance

Quelques minutes auparavant, la ministre de la Justice avait dit ne pas pouvoir décider si elle prendra en charge le dossier parce qu'elle ne connaissait pas encore les raisons pour lesquelles le DPCP a refusé de porter des accusations.

Stéphanie Vallée a dit qu'elle voulait attendre que de recevoir des explications avant de décider de ce qui adviendra de ce dossier.

«Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) n'a pas encore communiqué les motifs qui l'ont porté à ne pas déposer d'accusations», a-t-elle fait valoir. «Je ne les connais pas. J'ai pris connaissance de certains faits ce matin en ouvrant le journal.»

Le DPCP a été créé il y a une dizaine d'années afin d'enlever au ministre de la Justice la responsabilité ultime de décider du dépôt ou non d'accusation. La loi qui crée l'organisme prévoit tout de même un mécanisme par lequel le ministre peut prendre en charge un dossier en le transférant à un procureur indépendant.

La ministre n'a pas exclu cette possibilité. Elle a affirmé qu'elle commenterait le dossier plus tard, une fois que la famille de la victime aurait été informée.

Par ailleurs, la ministre s'est dite «très mal à l'aise» devant le point de presse de la péquiste Agnès Maltais, qui a demandé au premier ministre d'envoyer un mot d'ordre de collaboration avec la police à toute la famille libérale. Mme Vallée a appelé chaque individu à collaborer avec les autorités.

Sa collègue à la Sécurité publique, Lise Thériault, a dit ne pas savoir si le policier était suspendu ou pas. Elle a réitéré la confiance qu'elle place en Martin Prud'homme, le nouveau grand patron de la Sûreté du Québec.