Québec ne fera pas de « marchandage » avec les syndiqués pour éviter le «bordel» promis par la Coalition syndicale pour la libre négociation, qui s'oppose au projet de loi 3 sur les régimes de retraite dans les municipalités. Ce sont des menaces «grotesques», a lâché le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, mardi.

En marge d'une rencontre avec des représentants des unions municipales, M. Moreau est revenu sur les propos tenus par le porte-parole de la Coalition, Marc Ranger, lors d'une manifestation samedi. M. Ranger a déclaré que les syndiqués ont le « pouvoir » de «foutre le bordel» s'ils ne sont pas écoutés par le gouvernement. Il a cherché à nuancer ses propos lors d'une mêlée de presse en disant qu' « il y a des façons de foutre le bordel intelligemment ».

« Vous avez noté comme moi que M. Ranger a tenté de les diminuer dès qu'il s'est rendu compte lui-même que ça avait toutes les apparences d'une gaffe. Je pense que les Québécois ne tolèrent plus ce genre de comportement un peu grotesque », a affirmé M. Moreau.

« Je pense qu'il doit être revenu à la raison depuis sa déclaration... Il a tellement tenté de la minimiser. Il est conscient lui-même que ça ne dessert aucune cause. » Il a par ailleurs souligné que la manifestation de samedi s'est déroulée « dans l'ordre », « une preuve qu'on peut manifester sans foutre le bordel ».

Les déclarations de Marc Ranger n'amèneront pas le gouvernement à reculer sur les principales mesures du projet de loi 3 pour éviter un « bordel ». « On n'est pas une situation de marchandage », a lancé M. Moreau. « Ce genre de propos ne change en rien la détermination du gouvernement à aller de l'avant. »

Le ministre déposera quelques amendements « incessamment », surtout pour tenir compte des régimes de retraite qui sont pleinement capitalisés - une minorité. 

Les études actuarielles sur les 172 régimes de retraite touchés par le projet de loi 3 pourraient être présentées avant l'adoption de la loi. Mais selon le ministre, il n'y a aucune raison de les attendre, donc de connaître l'état de santé de chaque régime, avant d'aller plus loin dans l'étude du projet de loi. « Par exemple, indépendamment du fait que je ne connaisse pas votre poids, je peux vous dire que si vous êtes en surpoids, vous êtes en situation de santé précaire », a-t-il illustré.