Ce printemps, La Presse a obtenu des documents et des informations sur la gestion de Joël Gauthier pendant ses années à la présidence de l'Agence métropolitaine de transport (AMT). Puisque M. Gauthier est à l'étranger, il a été résolu que les questions lui seraient envoyées par courriel. Mardi, M. Gauthier a reçu ces questions, basées sur des documents de l'AMT et des entrevues. Jeudi, M. Gauthier a fourni des réponses à certaines de nos questions, mais a par contre refusé de répondre à plusieurs d'entre elles, car il les a jugées «diffamatoires» et «tendancieuses».

Vingt-quatre heures plus tard, soit vendredi, les arguments de l'escouade policière Marteau à l'appui d'un mandat de perquisition à l'AMT ont été rendus publics. La Presse a pu constater que plusieurs des questions posées à M. Gauthier recoupaient les éléments de l'enquête de Marteau.

Voici donc certaines réponses - et non-réponses - de M. Gauthier, telles qu'elles ont été fournies à La Presse, qui sont pertinentes à l'égard des allégations de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) révélées vendredi.

Sur le financement politique au bénéfice du Parti libéral du Québec (PLQ) (que Marteau évoque à deux reprises dans sa déclaration sous serment, exemples à l'appui):

«Je n'ai participé à aucune activité du PLQ depuis le 5 novembre 2003. J'ai démissionné comme membre du PLQ à cette date et n'ai plus fait aucune contribution politique depuis cette date, pas plus que participer à quelconque activité partisane (bien qu'ayant reçu à l'occasion des invitations à cet égard). J'ai pu à l'occasion, de façon exceptionnelle, donner quelques conseils à des amis qui m'en faisaient la demande, mais n'ai jamais participé à quelque activité du PLQ depuis novembre 2003.

«Les seules activités que j'ai pu avoir de façon sporadique avec le PLQ, le PQ ou l'ADQ ont été des rencontres annuelles à leurs caucus régionaux, ou encore des rencontres avec des députés (de tous les partis politiques) concernant des cas de comtés (ex: agrandissements de stationnements incitatifs, projets de développement du transport en commun, ponctualité des services, aménagement de places pour vélos, etc.).»

Sur les allégations d'interventions dans des appels d'offres en cours de l'AMT (La Presse a interrogé M. Gauthier sur un cas en particulier, où un employé de l'AMT lui a communiqué les scores de certaines firmes de génie, lors d'un appel d'offres en cours):

«Je n'ai JAMAIS participé à quelconque processus de sélection pour l'octroi de contrats, ceux-ci étaient par appel d'offres public et avec membre indépendants...» 

«Or, nous avions fait un pari amical, à l'interne, qu'aucune firme canadienne pourrait se qualifier pour ce mandat. Voilà la raison pour laquelle je me rappelle de ce que Jean Hardy m'ait transmis les pointages.»

Sur un témoignage contenu dans la déclaration sous serment de Marteau décrivant une adjointe de M. Gauthier faisant pour lui, sur une base régulière, des dépôts d'argent comptant à la banque de M. Gauthier:

M. Gauthier n'a pas répondu à nos questions sur ce sujet.

Sur sa présence habituelle dans des loges du Centre Bell, à l'invitation de sociétés faisant affaire avec l'AMT:

«Oui, je suis allé au Centre Bell, j'y vais encore d'ailleurs, anecdote, j'y ai même rencontré un ministre du gouvernement Marois, accompagné de son garde du corps, dans une loge, au cours des derniers mois!!!

«Les invitations au hockey ou à des spectacles font partie (ou faisaient partie) des moeurs sociales depuis des lunes, c'était d'ailleurs une pratique courante chez certaines firmes d'organiser des soirées dans des loges, j'y ai participé, étant souvent accompagné de dirigeants (fonctionnaires du MTQ (sous-ministre adjoint,directeurs territoriaux, analystes), moult maires et autres fonctionnaires municipaux)... Des employés de l'AMT étaient aussi invités à l'occasion, sans que je le sache a priori.

«Mon adjointe de l'époque vérifiait systématiquement, avant d'accepter une invitation, la liste des gens qui seraient présents, de même que si nous étions en processus d'appel d'offres qui pouvait concerner celui qui nous transmettait l'invitation.

«C'était une pratique d'affaires de l'époque... qui semble être révolue, selon notre époque, sous réserve du ministre du gouvernement Marois que j'ai vu cette année.»

L'UPAC affirme que M. Gauthier n'a pas payé ses présences dans des loges au Centre Bell à l'occasion de matchs du Canadien et de spectacles culturels. La Presse a posé directement la question à M. Gauthier. Il n'a pas répondu.