La Politique québécoise de mobilité durable (PQMD) qui est attendue depuis deux ans, et qui devait être annoncée la semaine prochaine par le ministre des Transports du Québec, Sylvain Gaudreault, va finalement se faire attendre, au moins jusqu'au début de 2014. Le gouvernement n'a pas les fonds nécessaires pour la mettre en oeuvre.

Dans un échange de courriels, jeudi, le cabinet du ministre a invoqué «un échéancier serré» et le «contexte économique» pour reporter à janvier le lancement de cette politique, qui va encadrer le développement des transports collectifs, au Québec, jusqu'à la fin de la présente décennie.

Au moment où les neuf plus grandes sociétés de transport public du Québec évaluent à 13,2 milliards de dollars leurs besoins financiers pour maintenir leurs réseaux en bon état et assurer le développement des services, d'ici 2020, le gouvernement du Québec accusera cette année un déficit de 2,5 milliards, et ne dispose visiblement pas d'une source de financement pour répondre à ces besoins.

«Le contexte économique actuel nous oblige effectivement à prendre un peu plus de précautions», a reconnu, jeudi, l'attaché de presse du ministre Gaudreault, Yann Langlais-Plante.

«Nous allons prendre un peu plus de temps pour assurer la pérennité de la politique ainsi que de la vision du gouvernement du Québec en matière de mobilité durable, pour les années à venir», a fait savoir jeudi le porte-parole du ministre.

Un vide de deux ans

Lorsqu'elle sera (enfin) rendue publique, la PQMD succèdera à la première Politique québécoise de développement des transports collectifs et actifs, qui a expiré en 2011, après avoir insufflé une énergie nouvelle aux réseaux de transports collectifs dans les cinq années précédentes.

Entre 2007 et 2011, cette politique a surtout permis d'injecter jusqu'à 200 millions par année dans les services de train de banlieue, des bus et du métro. Ces investissements ont permis d'augmenter l'offre de services de 24% au Québec, et la clientèle a répondu par une augmentation d'achalandage globale de 13%, à l'échelle de la province.

En 2011, l'ex-ministre des Transports, Sam Hamad, s'était engagé à donner une suite à cette politique, mais il a changé de poste à la faveur d'un remaniement ministériel. Au début de 2012, son successeur, Pierre Moreau, avait annoncé que la nouvelle politique de mobilité sonnerait la «fin des chasses gardées» dans le monde des transports, et suggérait la création d'une agence unique pour planifier de concert le développement des transports en commun et du réseau routier. Le gouvernement libéral a perdu le pouvoir en septembre 2012 avant que la politique ne voie le jour.

Le ministre Sylvain Gaudreault avait annoncé dès l'été dernier la parution prochaine de cette politique, qui devait être rendue publique la semaine prochaine. Il est ainsi devenu le troisième ministre à reporter la publication de cette politique, attendue avec impatience, et un brin d'appréhension par l'ensemble des sociétés de transport en commun du Québec.